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Grand format
Inédit
Tout public
572 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-8195-0193-0
Coll. "Policier"
Vox populi, vox numeri ?
Il est des auteurs qui, dès leur début, ont un instinct qui leur permet d'éviter les écueils de la narration et offrent un "produit" parfait (et encore, qui, derrière un premier roman enthousiasmant — ou un roman tout court — peut dire qu'il n'y a pas des heures et des heures de réécriture derrière ?). D'autres tâtonnent et, parfois, ont besoin soit d'apprentissage, soit d'un solide travail éditorial pour faire émerger le meilleur d'un manuscrit. D'où ce roman plébiscité par les lecteurs de ce prix VSD. Les lecteurs n'étant pas plus bêtes que d'autres, on ne contestera pas un prix sous prétexte qu'il n'est pas décerné par les cognoscenti et autre intelligentsia officiels, mais il s'agit plus d'une question de forme. Qu'on en juge : deux ans après une série d'attentats terroristes qui ont entraîné la mise sur place d'un dispositif policier musclé, la journaliste Alexandra Decaze enquête sur les théories du complot, auxquelles elle croit peu... Mais lorsque son contact censé dévoiler les agissements louches d'une grande société est assassiné sous ses yeux, elle comprend qu'il tenait quelque chose. Sa route va croiser celle de Darlan, flic antiterroriste et ex-hacker. Ils vont vite se trouver recherchés par toutes les polices. Que cache la société Eltrosys ? Et quel rapport avec la proximité des élections présidentielles ?
Un point de départ classique : duo journaliste et flic dur à cuire (qui, bien sûr, tomberont dans les bras l'un de l'autre), course-poursuite, terrorisme… Des ingrédients qui pourraient être ceux du prochain roman de Maxime Chattam. Mais c'est là que le bât blesse : d'abord, dans la grande tradition des romans-catastrophes, l'auteur perd plusieurs pages à nous présenter les occupants d'un train... voué à la destruction, et qui, donc ne reparaîtront plus, sans véritable conséquence émotionnelle pour le lecteur ! Car le style, handicapé par des maladresses et des répétitions typique des manuscrits, manque sérieusement de punch. Ensuite, Christian Olivaux semble avoir cédé à la tentation de mettre tout ce qui lui plaisait, si bien que la course-poursuite se traîne sur 573 (!) pages ! "Tuez vos chéris ", conseillait William Faulkner. La résolution, sans déflorer, est relativement originale et dans le ton du roman, mettant en épingle une société rognant peu à peu sur les libertés, jusqu'à un coda doux-amer qui ancre le récit dans la politique-fiction. Des qualités donc, un certain souffle et quelques jolies touches, notamment dans la maîtrise des scènes d'action ; mais avec cent ou cent cinquante pages de moins, un retravail sur le style et quelques allègements, l'ensemble eut donné un roman d'espionnage moderne autrement plus convaincant. Et dans le milieu extrêmement compétitif du thriller actuel, c'est parfois ce qui fait toute la différence...
Citation
Depuis qu'elle avait commencé sa série d'articles sur le sujet, elle recevait chaque jour des dizaines de mails ou de lettres de gens qui paraissaient très sérieux et qui avaient des révélations à faire sur des complots plus terrifiants les uns que les autres.