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Grand format
Inédit
Tout public
692 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-8195-0191-6
Coll. "Thriller"
Celle qui était encore
Comme le Diable se cache dans les détails, évacuons de suite un élément qui perturbe la lecture de ce Bras du diable de la toute jeune romancière Julie Waeckerli : de nombreuses fois, l'enquête revient sur les empreintes découvertes sur un corps, alors que normalement les corps impriment peu les empreintes des agresseurs. Mais c'est sans doute là un péché de jeunesse qui ne doit pas masquer le reste. Tout commence par une séance de spiritisme avec de jeunes gens qui s'ennuient dans un petit village alsacien. Cette séance réveille-t-elle un démon ? En tout cas, un mystérieux tueur en série commence à faucher les vies dans le village. La tension et le suspense montent...
Une grande partie de l'intérêt de ce roman de Julie Waeckerli consiste entre cette tension montante due à des données "diaboliques", des meurtres qui semblent découler d'un rituel et des personnages qui, s'ils sont capables de représenter le mal, sont fortement humains. Parmi les suspects, outre un médecin qui trompe sa femme, il y a toutes les composantes de ce gang de voyous qui terrorise le village mais que la gendarmerie ne peut mettre en examen. Le Mal absolu semble ressortir d'un vieil homme qui, bien qu'ayant la maladie d'Alzheimer, se souvient par instants de la guerre d'Algérie et de sa participation aux tortures qui a côtoyé sa découverte de l'amour.
Pour un premier roman de facture très classique, l'auteur parvient à tenir la (très) longue distance et sait créer, à travers des personnages multiples, des rebondissements variés. Le suspense tient donc la route et l'ambiance mortifère d'un petit village, entre des solidarités obligatoires, les mouvements d'une jeunesse désorientée et qui s'ennuie, des secrets de famille, des voyous qui semblent y maintenir une chape de plomb et des gendarmes aux prises avec leurs propres problèmes sentimentaux, est bien rendue.
En jouant ainsi avec la fausse piste du surnaturel, avec des suspects plus vrais que nature et des gentils qui cachent des failles béantes, avec le thème de la torture en Algérie, Le Bras du diable est pour paraphraser Charles Maurras accueillant les pleins pouvoirs accordés au maréchal Pétain en 1940 une "divine surprise"1.
1. L'auteur de cette chronique regrette le manque de culture qui aurait pu lui permettre de citer un général quelconque ayant participé à la guerre d'Algérie. Il a donc été puiser dans un autre pan honteux de notre Histoire.
Citation
Le diable c'est moi. Il braqua son fusil vers elle. Et elle sut aussitôt que c'était fini.