Sauvagerie

Je suis née le jour où ma mère est morte. Papa m'a appelée Giulia, comme elle, pour ne pas oublier. Et pourtant, il ne m'en parle jamais, comme si tout cela n'était qu'un tour de magie, la disparation d'un lapin dans un chapeau, rien d'autre qu'un rideau qui tombe.
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Roman - Policier

Sauvagerie

Politique - Social MAJ dimanche 19 avril 2009

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format

Tout public

Prix: 13 €

James Graham Ballard
Running Wild - 2008
Traduit de l'anglais par Robert Louit
Auch : Tristram, octobre 2008
122 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 9782907681704

Jusqu'ici tout va bien...

En ces temps de surenchère sécuritaire, et à l'heure même où la ministre de l'Intérieur se réjouit de la multiplication des caméras de surveillance sur le territoire, dans le but de préserver notre bien-être s'entend, la lecture de Sauvagerie de James Graham Ballard est une nécessité. Écrit en 1988, dans l'atmosphère réjouissante de l'Angleterre thatchérienne, avec le regard visionnaire que l'on connait à cet auteur, ce roman qui s'adresse à un lectorat plus large que celui de la science-fiction pour lesquels Ballard écrit habituellement, se situe entre essai politique et pamphlet. Parce que l'auteur prend le ton distancié du rapport professionnel, de l'étude méthodique, de la démarche scientifique, et parce qu'il prend le parti de la brièveté - le roman est d'ailleurs trop bref pour en livrer ici autre chose qu'une évocation allusive ; en dire trop atténuerait le choc -, son roman agit avec efficacité, touche au but avec une précision chirurgicale, à la manière d'un électrochoc. Il nous réveille. J.G. Ballard est sans complaisance, il ne cherche pas à distraire mais à avertir du danger d'un mode de vie utopique. À travers le regard d'un psychiatre dépêché sur une scène de crime – scène de massacre serait plus approprié - deux mois après des faits restés inexpliqués, il déroule froidement des constats, émet des hypothèses, écarte méthodiquement l'impossible pour aboutir à des conclusions qui si elles sont inacceptables n'en demeurent pas moins les seules envisageables.
Ce roman pose les questions que nous devrions tous nous poser à l'heure où l'on nous propose une société, combien attirante, du risque zéro, aseptisée, sans contrariété, dans laquelle nous pourrions laisser peu à peu notre vigilance entre les mains des promoteurs de la vidéo-surveillance et du tout sécuritaire. L'Enfer est pavé de bonnes intentions, nous dit la sagesse populaire, aussi méfions nous de ceux qui pour nous protéger de la pluie n'hésiteront pas à nous priver définitivement du soleil. Car l'on s'étonnera de découvrir un jour de ne plus avoir de liberté parce que ceux qui agissent pour notre protection nous dicteront aussi ce qu'il convient de faire, de dire ou de penser, choisiront à notre place pour que nous ne connaissions pas l'expérience traumatisante de l'échec. Jusqu'ici, peu ou prou, tout va bien, mais ne sera-t-il pas bientôt trop tard pour faire machine arrière ?

NB - Ce roman est précédemment paru sous le titre Le Massacre de Pangbourne (Belfond, 1992).

Citation

Les belles demeurent dégageaient le parfum caractéristique de satisfaction sans aspérités qui vient de la combinaison de l'argent et du bon goût.

Rédacteur: Jean-Claude Lalumière mardi 24 février 2009
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