Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Trafics d'hiver
Partir d'une métaphore pour la filer jusqu'à l'intoxication finale, tel aurait pu être le pari de Pat Milesi avec Danse avec la neige, qui s'inscrit dans les enquêtes de Camille Sora. La neige, tout d'abord, c'est cette suite de flocons qui permet de créer des pistes de ski de fond ou des avalanches. Aussi le roman se situe-t-il dans une petite station alpine de sports d'hiver, autour d'une pension de famille endeuillée par la mort du patron, assassiné dans sa cuisine. La neige, c 'est aussi l'un des autres noms pour désigner la drogue. La cocaïne semble couler à flot dans la station : des revendeurs sont retrouvés morts et cachés sous la neige (mais ils servent de nourriture aux renards qui en oublient des morceaux devant les maisons), des sachets de poudre sont découverts sous l'évier de la cuisine de la dite pension de famille. Et la belle patronne de la pension, russe ayant fui son pays, n'est-elle pas une sorte de Blanche-neige, d'innocente perdue dans un pays qu'elle ne connait pas ? Camille Sora est la policière chargée de l'enquête car elle se trouve sur place pour les vacances. Elle se fait mener en bateau, a du mal à survivre avec les calories qui dégoulinent des assiettes, des bouteilles d'Aspremont et les coups sur la tête que n'hésitent pas à lui coller les truands.
Pat Milesi connait sans doute le terroir décrit, utilise les sports de glisse pour faire avancer son intrigue dévoilée, un peu comme un cheveu sur la soupe au final (mais après tout Agatha Christie faisait souvent pareil). Premier roman qui parfois se disperse dans des actions parasites, des scènes où les éléments de suspense alourdissent plus qu'ils n'aident, peuplé de personnages qui apparaissent parfois stéréotypés ou décalqués des polars américains (mais il y a pire comme référence), Danse avec la neige possède la fougue de la jeunesse et le désir de créer une intrigue au sein d'un milieu peu traité (les petits stations hivernales et la vie des autochtones). Enfin, un auteur qui se permet de coller son personnage principal dans un congélateur et de le faire disparaître (même provisoirement) sur une bonne partie du roman est un écrivain qui ose ce qui ne peut que réjouir en ces temps de littérature pré-formatée.
Citation
- Ben au bout du pied, s'énervait Martine. Un truc comme une jambe par exemple, qui serait planquée sous la neige, quoi.
- Non y a juste le pied.
- Bon. Ben tu vois, c'est pas si grave. Allez, on appelle les flics.