Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Patrick Brion (présentation)
Yves Boisset (présentation)
Paris : Sidonis, juin 2012
1 DVD VOST Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Cruelle injustice
1952. Charles Marquis Warren réalise Les Portes de l'enfer, un western sombre à l'ambiance prégnante étrangement en noir et blanc pour l'époque, et avec en guest star l'immense (plus de deux mètres) Sterling Hayden qui commettra le pire pendant le Maccarthysme. Il ne s'en remettra moralement pas. Mais pour l'heure, c'est après une guerre de Sécession qu'il incarne un vétérinaire sudiste en terre nordiste.
Une nuit, il soigne sans le savoir un rebelle aux abois qui, comble de l'histoire, n'a pas le temps de le tuer et s'enfuit laissant tomber une sacoche de billets de banque avec des chevaux frais qu'il lui a échangés. Pour les Yankees, sa culpabilité ne fait aucun doute : il est à la fois traitre et espion. Mais au cours d'un jugement martial aucune réelle preuve est amenée aussi sa peine de mort est-elle commuée en années de prison. Ce sera dans une prison au creux d'une montagne dans des galeries auxquelles on accède par une trappe qui se referment telles les mâchoires d'une gueule monstrueuse, et qui donne son titre au film, en pleine aridité (de l'eau est achetée par tonneaux à une ville avoisinante) au milieu du désert. Pas de barbelés. On ne peut s'en échapper (remplacez le désert par la jungle et vous vous croirez regardant Le Pont de la rivière Kwaï). D'ailleurs, si par hasard on se retrouve en plein désert, les féroces Pimas sont payés pour vous tuer. La vie dans la prison est assez simple. Commandée d'une main de fer par un homme meurtri par l'assassinat de sa femme et de ses enfants par les Sudistes pendant la guerre, elle est rythmée par le bruit des pioches sur la pierraille dans une recherche vaine d'eau, et par le passage dans les fours (des caisses métalliques en plein soleil, on en revient au Pont de la rivière Kwaï, la balle de base-ball en moins).
De quoi vous donner à la fois des muscles et un teint halé. Nul doute que ce camp de prisonnier a inspiré également Sergio Leone avant de créer le sien dans Le Bon, la Brute et le Truand. Le décor est planté. Les prisonniers sont obligés de s'entendre. Il va y avoir une rébellion, une tentative d'évasion, beaucoup de coups, de blessures, de morts et d'injustice. Le point d'orgue sera l'arrivée de la peste typhoïde. Mais tout le film est tendu par cette nervosité ambiante et la cruelle injustice dont est victime Gilman Haley. Le grand échalas américain Sterling Hayden nous en donne à cœur joie avec son charisme, sa prestance et son abnégation dans une intrigue d'une noirceur surprenante qui, dès le début, s'inscrit dans la réalité par l'insertion d'un encart rappelant l'ignominie d'une erreur judiciaire et nous faisant penser à ses conséquences. Du très grand art en noir et blanc...
Prenez le temps d'écouter Yves Boisset parlant de sa rencontre avec Sterling Hayden dans un aéroport car il souhaitait le faire jouer dans l'un de ses films. L'histoire vaut le détour...
Les Portes de l'enfer (87 min.) : réalisé par Charles Marquis Warren avec Sterling Hayden, Joan Leslie, Ward Bond, James Arness, Petter Coe, John Pickard...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Sterling Hayden par Yves Boisset. Bande annonce. Galerie photos.
On en parle : L'Indic n°23
Citation
Ils ont l'air d'Apaches. À côté d'eux, les Apaches sont des agneaux. Ce sont des Pimas. Comment gagnent-ils leur vie ? Pour tout prisonnier évadé ramené vivant ils gagnent 25 $. Mort, ils gagnent 50 $.