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Grand format
Inédit
Tout public
384 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35536-058-9
Coll. "Romans noirs"
French Tabloids 2 : séquelle mordrait...
Il est désormais posé que les "mauvais" genres ont tout à gagner à s'ouvrir au métissage et que la "pureté des genres", si elle a un jour existé, n'est qu'une chimère inventée par quelques bâtisseurs de ghettos, puisque lesdits genres évoluent bien plus vite que leurs définitions successives. D'où ce second roman en forme de coup de poing qui, sous couvert d'anticipation, pourrait être une suite thématique à l'indispensable French Tabloïds de Jean-Hugues Oppel.
Dans un Paris futuriste en déliquescence, véritable rêve humide des déclinologues et autres prophètes de mauvaise augure nous promettant quotidiennement — et avec quelle jubilation proche du sadisme — un avenir qui déchante, un attentat à la bombe vient briser l'indispensable Ordre. Car chacun est à sa place, les pauvres avec les pauvres, à se défoncer à la drogue synthétique D23, les riches avec les riches, lorsqu'ils ne s'entre-déchirent pas pour rester au quartier d'affaires, oasis promise aux plus requins des requins et aux bons petits soldats du système. Or personne ne semble avoir intérêt à déranger cet ordre : ni les caïds de la drogue, trop occupés à s'enrichir, ni l'État inexistant, ni la Ijing Int, la tentaculaire société qui, après avoir créé des villes protégées — dont la Serenitas du titre est la première —, vise désormais à créer des États privés. Sauf que le journaliste Fjord n'y croit pas : le groupuscule d'extrême-droite Clovis 95, qui revendique l'attentat, n'avait pas l'envergure nécessaire... Et de son côté, Aymeric Péan de Montfort, le dernier homme politique intègre ridiculisé pour croire en autre chose que les valeurs du fric, tente l'éternelle lutte du pot de terre contre le pot de fer...
Même si les deux romans sont différents, on rejoint le chef d'œuvre de Jean-Hugues Oppel par la description d'un monde où, par jeu de manipulations et de complicité médiatique, la réalité est scriptée par les puissants, prête à être offerte en pâture aux masses. C'est aussi le portrait saisissant d'un Paris façon Blade Runner et dont la déchéance est la conséquence logique de ce qu'on lit chaque jour en Une des journaux : une des franges du polar est son aspect social, et c'est ce que traite avec maestria Philippe Nicholson dans un texte qui ne tombe jamais dans le travers du tract ou de la dénonciation facile, voire du manichéisme : l'auteur laisse s'agiter ses personnages de façon purement factuelle, laissant à chacun le soin de se faire son opinion. La froideur affectée des requins maîtres du monde, eux-mêmes pouvant plonger à chaque instant pour peu qu'ils aient déplu à leur supérieur, tisse un monde dépourvu de la moindre humanité, contrepoint parfait des bas quartiers où l'on s'entretue pour une dose et où les enfants en sont réduit à former des meutes presque animales pour tenter de survivre. Et qu'importe si on tombe parfois sur des situations archétypales (le journaliste dans la peau du faux coupable) et quelques révélations un peu grosses, la mécanique de l'auteur est bien huilée et se déroule avec une logique implacable. On ajoutera à ce cocktail enthousiasmant un style sec, dégraissé, électrique, d'une précision de sniper, où l'auteur disperse parfois quelques petites fleurs d'écritures, comme ça, presque avec l'air de s'excuser. Comme s'il fallait s'excuser d'avoir du talent... En tout cas, une véritable révélation qui, on l'espère, rencontrera le succès qu'elle mérite !
Citation
Les systèmes politiques ont montré leurs limites. C'est au tour des pays administrés par des clients-actionnaires de voir le jour. La nationalité va devenir un produit comme un autre. On peut choisir l'entreprise dans laquelle on travaille. De la même manière, on pourra bientôt choisir le pays dans lequel on veut vivre, et la nationalité qui va avec.