Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Abadia
Paris : Rivages, novembre 2008
372 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-1886-5
Coll. "Noir", 711
Cendrillon et Dracula
Alice est une veuve éplorée, qui travaille dans une agence immobilière en se demandant comment elle va bien pouvoir payer ses traites de fin de mois et élever, seule, ses deux enfants. La compagnie d'assurance-vie tarde à tenir ses engagements. Il faut dire que le mari d'Alice est mort en mer, en pleine tempête, et que son corps n'a jamais été retrouvé. Les assurances aiment bien les certitudes. Aussi, lorsque les enfants d'Alice sont kidnappés, cette prime d'assurance devient une tragique nécessité. D'autant que c'est le montant exact de la rançon réclamée. Alice est une très gentille personne charmante quoique très vite désemparée devant les événements mais qui peut compter sur des aides multiples qui ne lui demandent pas son avis. Il y a surtout cette femme, cuisinière et femme de ménage, qui va lui faire plus de mal que de bien avec son téléphone. Elle a pris la décision de contacter la police dont la discrétion la poussera à appeler le FBI.
Les cercles tous plus vicieux les uns que les autres sont tracés. Police et FBI sont des éternels gaffeurs qui ne peuvent se supporter, et se livrent alors une guerre sans merci, dont Alice et ses enfant risquent de devenir des dommages collatéraux. Et puis il y a tous ces énergumènes qui sont très intéressés par cette assurance-vie. Le beau-frère d'Alice, les prêteurs de la mafia locale... La liste est longue de ces gens qui réclament eux aussi le montant exact de l'assurance-vie, et se font pressants voire violents. Alice découvre peu à peu de noires facettes de feu son mari à mesure qu'elle se rappelle leur histoire. D'abord tendre et passionnée, puis d'une triste singularité avec son lot d'espoirs remisés au placard. Cendrillon a rencontré Dracula !
Ed McBain connaît très bien les différents ingrédients d'une bonne intrigue. Avec Alice en danger, il réalise un bon thriller, captivant, très rapide sans un instant pour souffler ni même se reposer. Le lecteur averti ou un tant soit peu adepte du "Bon sang mais c'est bien sûr !" aura tôt fait de démêler une des pelotes de ficelle de cette embrouille, mais le génie d'Ed McBain nous tient en haleine tout au long de ces 370 pages de ce qui constitue son dernier roman. Intrigue classique pour véritable thriller. Simple et efficace. Le Talent se situe au niveau de la construction de son récit. De la manière dont il imbrique les différentes pièces d'un puzzle dont on connait le résultat final mais qui énerve parce qu'on voudrait toujours crier à Alice "Dans ton dos ! Regarde dans ton dos ! Et surtout, calme-toi !" Une Alice qui tient plus de l'écervelée Cendrillon de Walt Disney que de Charles Perrault.
Citation
De son point de vue, parier sur des lévriers n'était guère différent de vendre et d'acheter des titres, des actions ou des obligations. Jamais il ne lui était venu à l'esprit qu'une de ces occupations était un vice, et l'autre un métier.