Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
224 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-84362-483-4
Coll. "Polars & grimoires"
Songes et mensonges
Le Da Vinci code a été l'un des grands succès de ces dernières décennies. Il soulevait cependant quelques questions, parmi lesquelles celle de l'utilisation d'ouvrages jamais cités et détournés (c'est ainsi que Dan Brown reprenait toute l'histoire de l'abbé Saunière sans jamais évoquer Rennes-le-Château) et, surtout, avec le souci majeur des écrivains de thrillers : comment ne pas décevoir le lecteur lorsque l'on va lui révéler des secrets cruciaux qui apparaissent à une fois le roman terminé assez fades. Éric Maneval qui s'est fait connaître avec Retour à la nuit, un premier roman noir exigeant paru aux éditions Écorces, décide à son tour de s'attaquer au mythe que fut le trésor caché de l'abbé Saunière. Mais c'est un écrivain intelligent, et il va réussir à faire monter la sauce du suspense en jouant subtilement.
L'intrigue se situe donc à Rennes-le-Château autour d'un bouquiniste qui vivote tranquillement. L'arrivée d'un couple un peu paumé va bouleverser la donne. Luc Schaeffer, quoique jeune homme est un ancien militaire devenu garde forestier qui commence à chercher le trésor et se persuade qu'il sait des choses. Sa compagne, Aurore Saintal, professeur de français en dépression, disparaît. Un faux noble voisin semble tirer les ficelles. Le "Dahu", un vieil hippie qui a perdu sa femme et sa fille depuis des années, erre dans le coin. La demeure du bouquiniste est vandalisée : il n'y a pas à dire, on cherche le secret ! Mais tout le talent d'Éric Maneval va consister à renverser doublement son intrigue. Il y a d'une part des encarts documentaires qui restituent la réalité derrière le mythe et, d'autre part, des éléments fantastiques ou criminels qu'il dévoile et qui se contrebalancent régulièrement. Par exemple, si Aurore Saintal a disparu c'est avec une simplicité telle que l'on est en droit de se demander si elle n'a pas regagné le domicile de ses parents. Mais Éric Maneval laisse le champ libre à d'autres théorise : c'est peut-être une succube ou une fée. Peut-être aussi une fille violée dans son enfance.
En s'appuyant sur des réalités qu'il connait, car Éric Maneval a été bouquiniste dans la région, il offre un roman dense qui ouvre des pistes, louvoie, manipule son lecteur avec un art consommé, pour montrer le besoin de croire, y compris à l'incroyable, contre la réalité et l'évidence, la facilité de plier le quotidien à sa perception faussée du monde, de voir des signes cachés derrière les interprétations déjà masquées comme une vaste donnée psychologique humaine. Bref un roman noir...
On en parle : L'Indic n°12
Nominations :
Prix marseillais du polar 2013
Citation
Puis il se retourne et voit le dessin de Nathalie. Au dessus du village, en pleine ciel, un visage domine la fresque. Un drôle de visage. Difforme, inquiétant, démoniaque.