Contenu
Poche
Inédit
Tout public
248 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-916330-26-6
Coll. "Forcément noir"
La dérive psychosociale des laissés pour compte de Mai 68
Dolla est morte. Après son opération de la hanche. La mort peut-elle servir à quelque chose ? Sa mort ? Même à l'âge mesquin du retour des couches culotte… Autour du cercueil, les papy-boomers font les comptes. Heureux comme des survivants, à grappiller l'aumône de pensions dérisoires dans cette communauté post-hippie qu'ils ont remontée sur le tard, pour ne pas mourir plus miséreux encore. Que faire des "caisses de retraite" qui traînent en France ? Les tuer ? Peut-être. On meurt du reste d'un coup beaucoup autour d'eux. Au fait, Dolla, de quoi est-elle morte au juste ? D'impasses politiques en impasses sociales, de renoncement en renoncement, pas sûr qu'elle soit morte des suites d'une complication médicale, finalement. Dans le vieux moulin acheté pour survivre, Igor, l'ex-mao établi qui s'habille toujours chez Emmaüs, droit dans ses tiags, la fumette par contestation et les bêta-bloquants par nécessité, illustre le propos à merveille. D-died ponctué des cris de désespoir d'Augustin, le mec de Dolla, qui désile sinon dégrise. Comme le disait ce bon vieux Lénine : les faits sont têtus, et les faits, aujourd'hui, c'est que ces morts ne sont pas naturelles.
Lévis et Clarks en référence, devenus today des produits de luxe pour bobo en manque de frisson idéologique, Dolla est comme le récit d'une agonie – au sens grec du terme : âgon, le combat. Dernier combat donc, qu'on opposerait volontiers au récit trop bien léché de Robert Linhart, L'Établi , ce chef-d'œuvre littéraire de la bourgeoisie maoïste française. Le roman piste une voie que Krakoen creuse sans trop y réfléchir, celle des enfants perdus de Mai 68 qui, sans position sociale, militaient par passion et non par calcul. Creusez, les Krakoen : cette voix ne s'est pas suffisamment fait entendre !
Citation
Un détail, oui, la mort de Dolla. Et aujourd'hui, ce détail m'explose à la gueule et au cœur.