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Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Julie Sibony
Paris : Sonatine, septembre 2012
232 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-35584-113-2
Mené par le bout du nez
Les Britanniques ont toujours eu un humour un peu particulier qui oscille entre différents pôles. Peu de choses comparables en effet entre les Monty Python, Benny Hill et Rowan Atkinson - à de sujet, la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques a mis en avant une capacité d'auto-dérision assez intéressante. Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, C. Tyler, est un roman qui en ce sens rompt d'ailleurs avec ceux auxquels nous a habitué Sonatine. Le roman ici met en scène un personnage anodin, suivi dans un quotidien offrant peu de prises au monde noir, mais suivant une trajectoire policière de biais.
Ethelred Tressider, le personnage central de l'intrigue, vit de sa plume mais écrit sous trois pseudonymes est un auteur. C'est un peu plus facile pour joindre les deux bouts. Cela nécessite de balayer le spectre du roman policier anglais très classique. Il est capable de mettre en scène un inspecteur un peu névrosé qui travaille à l'ancienne, puis d'alterner avec une intrigue historico-policière sur le Moyen Áge britannique. Il est également l'auteur d'une série de romans à l'eau de rose. Poursuivi par le souvenir d'une famille étrange, marié à une virago qui l'a plaqué mais qu'il aime encore, "gérée" par une agente amatrice de chocolat qui le pourchasse et déteste les auteurs, il se trouve confronté à un événement sombre qu'il n'aurait pas dédaigné pour l'un de ses romans : son ex-femme disparaît laissant des dettes importantes et une voiture abandonnée. On aurait presque envie de dire que ce fait pas vraiment divers tombe bien, car Etherlred Tressider a un énorme problème sur le dos : l'inspiration lui manque. Quand le corps de son ex-femme est retrouvé près de chez lui, et que la police évoque la piste d'un tueur en série, Ethereld Tressider n'a plus qu'une idée en tête : débusquer l'assassin pour retrouver l'inspiration...
À partir de ce postulat, l'auteur jongle entre les chapitres inaboutis des romans d'Ethelred Tressider, l'enquête autour de la personnalité de son ex, les prises de bec avec son agent et des réflexions sur l'écriture. L. C. Tyler se permettant le luxe de clins d'œil sur les solutions de son roman dans les réflexions littéraires de son personnage. À l'image du titre, le roman déploie donc une petit musique ironique, drôle, en disant plus que de longs essais, sans se prendre au sérieux mais en respectant profondément le lecteur. Avec une série de chutes dans les chapitres finaux, Tyler finit son roman en feu d'artifice, reliant tous les fils de son histoire, comme un dernier clin d'œil au lecteur berné et content de l'avoir été.
Nominations :
Prix Arsène Lupin 2013
Citation
Tu m'as piqué la seule femme que j'ai jamais aimée, si on ne compte pas ma maitresse de primaire. Et peut-être bien la seule qui m'ait jamais aimé. À part ma mère, à la limite, et encore, elle était assez évasive sur ce point.