La Petite fille de ses rêves

Chaque nouvelle autopsie restait gravée dans ses méninges, tant que le meurtrier n'avait pas été mis hors d'état de nuire. Après toutes ces années de service, son crâne était devenu un effroyable musée, où s'entassaient les pires visions anatomiques des âmes en peine.
Stéphane Belmont - La Chair du limier
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

samedi 23 novembre

Contenu

Roman - Policier

La Petite fille de ses rêves

Social - Religieux - Assassinat MAJ mercredi 05 septembre 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,2 €

Donna Leon
The Girl of His Dreams - 2008
Traduit de l'anglais (États-Unis) par William-Olivier Desmond
Paris : Points, janvier 2012
326 p. ; 17.8 x 10.8 cm
ISBN 978-2-7578-2649-2
Coll. "Policier", 2742

La petite voleuse

Venise, la cité des doges, restera à jamais une ville romantique au charme suranné. Le charme des vieux palais aux fondations noyés dans les eaux des canaux opère toujours sur les nombreux touristes, les trop nombreux touristes pour certains. Mais derrière cette vision idyllique un peu éculée se cache aujourd'hui une réalité plus contrastée et touchée par tous les maux actuels de notre société moderne.

Dans l'univers du roman policier, Venise est tout de suite associée à Donna Leon et, également, au détective de sa création, le commissaire Brunetti. Les enquêtes ont toujours pour cadre ce lieu incroyable semblant flotter miraculeusement depuis des siècles sur les eaux de la lagune.

Le moment est délicat pour Brunetti, empreint d'une morosité bien légitime. Il vient d'enterrer sa mère. Son chagrin est grand, la perte d'un être cher reste un moment des plus douloureux de la vie. Malgré tout Brunetti ressent un certain soulagement face à la délivrance de sa mère dont l'état ne cessait de se dégrader depuis plusieurs mois. Il trouve la consolation entouré de ses proches, une sorte d'illustration de la famille idéale.
Quelques jours après l'enterrement, il reçoit la visite d'un prêtre, celui qui a béni le cercueil de sa mère juste avant la mise en terre. Le missionnaire, très récemment rentré d'Afrique, veut lui parler d'un homme, soi-disant religieux. Il serait une sorte de père spirituel et dirigerait un groupe de prières. Pour le padre Antonin, il s'agit d'un manipulateur dissimulant les agissements d'une secte, et ce dernier espère avoir le soutien total de Brunetti afin d'enquêter discrètement sur les agissements de l'imposteur. Brunetti ne comprend pas très bien la démarche du padre, allant même jusqu'à soupçonner une certaine forme de jalousie. Il va malgré tout se renseigner et sollicite l'aide de sa belle-mère catholique pratiquante.
Mais rapidement toute son attention va se porter sur une affaire beaucoup plus dramatique. Le corps d'une enfant est retrouvé flottant dans les eaux d'un canal. Rien ne permet d'identifier la fillette qui s'est vraisemblablement noyée. Elle n'a pas de marques visibles de violence, juste des traces d'éraflures aux mains et au genou. Une chute malencontreuse d'un toit est envisagée mais il manque beaucoup de réponses à cette éventuelle hypothèse. Comme seul indice, on retrouve emprisonnés dans ses vêtements des bijoux. Il est d'ailleurs assez incompréhensible que personne ne se soit inquiété en signalant la disparition d'une si jeune fille. D'ailleurs les bijoux non plus n'ont pas été signalés comme dérobés, leurs propriétaires ont peut-être intérêt à se taire. Brunetti ne peut s'empêcher de penser et même de rêver à cette petite morte. Il y a trop d'incompréhensions et de mystères autour de cette noyade. Les résultats de l'autopsie vont assombrir encore un peu plus le tableau en révélant des traces d'activité sexuelle et même de maladie vénérienne. Grâce à la diffusion de son portrait dans les différents commissariats de police de la cité, un policier sera en mesure de l'identifier suite à une arrestation récente. L'enquête va alors s'orienter vers un camp de roms érigé aux limites de la ville. Brunetti va devoir faire face à la loi du silence également en vigueur dans ces familles.

Il est facile de sentir que Donna Leon prend plaisir à situer l'action de chacun de ses romans à Venise et à décrire cette ville qu'elle semble connaître sur le bout des doigts. Cependant elle n'hésite pas à faire voler l'image de carte de postale pour dresser un portrait contrasté mais certainement plus réaliste du monde moderne qui doit faire face aux inégalités, à la corruption, à l'aveuglement face à l'attrait de l'argent. Plutôt qu'une enquête policière intense et haletante, Donna Leon se lance dans une critique aux accents amers de la société italienne. Mais même en s'élevant contre le tourisme de masse et en abordant les thèmes très actuels de la tolérance, du racisme, ce roman au rythme lent donne l'impression de s'essouffler au fil des pages et de finir dans une sorte de complaisance aveugle facile. À moins que Donna Leon ait préféré cet épilogue pour montrer le cynisme hypocrite de notre monde moderne...
Ce n'est pas certainement pas le meilleur opus des enquêtes du commissaire Brunetti pour découvrir l'univers de Donna Leon, et son talent de romancière reconnu par beaucoup.

Citation

Tout ce que vous avez à faire, c'est d'éprouver les bons sentiments, les sentiments politiquement corrects, et de bien montrer toute la délicatesse de votre sensibilité. Et du coup, vous n'avez plus à agir. Il vous suffit de rester tranquillement assis avec vos précieux sentiments en sautoir, pendant que tout le monde s'écroule autour de vous mais vous applaudit tout de même parce que vous ressentez ce que tout être sensible ressentirait.

Rédacteur: Fabien Maurice mardi 21 août 2012
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page