Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
316 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-265-09418-5
Coll. "Thriller"
Haie d'horreurs
Les frontières entre les nations, les gens et les mots sont très instables. Pour les nations, les guerres en témoignent assez. Pour les gens, il suffit de se référer au quotidien avec deux familles de voisins qui s'apprécient, passent du temps ensemble, forment presqu'une entité supérieure à quatre adultes et deux enfants. Entre les mots, prenez le mot "haine", il est si proche du mot "haie", celle qui sépare justement les deux familles. Cette haie que l'on voudrait abolir et qui va être à l'origine d'un drame sous la plume de Barbara Abel.
Deux couples dont un aimerait enlever la haie pour pouvoir aller plus facilement chez ses amis, et l'autre qui y voit peut-être une ultime frontière pour préserver une part d'intimité au sein de ce quarto fusionnel. Et un jour un drame qui survient lorsque l'un des enfantd qui se penche par la fenêtre de sa maison plonge, et que la voisine tarde à intervenir car la haie empêche qu'elle puisse se précipiter à son secours. C'est maintenant le cadavre du garçon qui s'interpose entre les deux familles, bien plus efficace qu'un mur aussi naturel soit-il.
Derrière la haine présente des situations du quotidien, des choses que le lecteur a vécu, lui-même ou en observant ses congénères. Pêle-mèle le besoin de reconnaissance, les amitiés naissantes, les gens fourrés les uns chez les autres. Barbara Abel dissèque avec soin ces situations si anodines. Elle les trouble de manière vénéneuse avec des piques elles aussi fines et sensibles : la montée de la paranoïa et des non-dits qui paralysent la vie, les interprétations sordides que nous faisons tous des comportements des autres à travers le prisme de nos pulsions sordides. Pas besoin de grands mouvements de caméra, ni d'amples dissertations sur le monde. Deux maisons accolés dans lesquelles vivent deux familles suffisent. Sous l'apparence de calme, entre deux lessives, les courses et un barbecue, les horreurs grondent, comme une lave qui n'attend que l'occasion de s'expulser, car les petits pavillons peuvent cacher pire que d'immondes tueurs en série préformatés.
Peu à peu, sans que le lecteur ne s'en aperçoive, la machination s'est mise en place. Là, où ne vivent que des gens normaux, se révèlent être des monstres aussi désespérément normaux, ne cherchant pas le mal mais à avoir leur part de bonheur même s'il faut un peu, en passant, écraser les autres, comme on se débarrasse d'un moustique qui empêche de savourer un apéro à la fraiche, sans haine. C'est ainsi que Barbara Abel nous dessine une belle façade pour mieux la démonter avec un soin tout scrupuleux.
Récompenses :
Prix Plume libre : La Plume du thriller francophone 2013
Nominations :
Grand prix du balai d'or 2012
Prix du Meilleur polar francophone 2012
Prix marseillais du polar 2012
Citation
C'est justement parce que tu ne fais pas attention aux dangers de la maison qu'il n'y a plus d'enfant chez toi.