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Poche
Inédit
L'ombre d'une trace
L'histoire se fait avec les grands hommes et parfois aussi avec les petits, les oubliés, les sans-grades. Robert Béné, spécialisé dans les intrigues se situant sur l'île de Ré, a décidé de remettre en lumière, en s'inspirant d'événements réels, un exclu de chez exclus durant une période difficile avec son roman Le Clandestin de Ré la Blanche. Son personnage central, Maurice, est un orphelin boiteux, maltraité dans un haras, et voué à une existence misérable. L'arrivée Deuxième Guerre mondiale va lui permettre de s'en sortir, mais son handicap associé à la difficulté qu'il a de nouer des relations, empêcheront le destin de lui sourire.
Robert Béné centre son intrigue sur l'adolescence et le passage à l'âge adulte, accélérés par les conditions historiques (débâcle, collaboration), qui sont pour lui des moments plutôt heureux car dans ces circonstances exceptionnelles, les marginaux peuvent s'en sortir plus facilement. Une intrigue policière légère (le meurtre de deux amants, une crise de jalousie qui s'accorde avec l'esprit de résistance) ponctue un récit très linéaire, occasion de montrer le développement du personnage principal, dans une trajectoire poisseuse (au sens hélénien* du terme). En effet, Maurice est autant ballotté par les événements qu'il agit sur eux. Chaque fois qu'il a une possibilité de s'en sortir, petitement, certes, mais de manière réaliste, un événement vient réduire ses efforts à néant.
Coincé dans sa vie, dans son corps handicapé, dans des relations qui ne peuvent être normales (il est extérieur aux autres car orphelin, boiteux et asocial), le personnage suit une trajectoire logique jusqu'à sa conclusion. Robert Béné parvient à rendre le personnage attachant, dans sa difficulté et sa volonté de s'en sortir et, même si l'on se surprend à espérer une fin différente, celle-ci n'en demeure pas moins crédible.
Citation
Dans l'instant qui suivit, José Santareno, qui n'avait pas eu le temps de se transformer en Maurice Foireux, se retrouvait au sol le visage en sang, plié en deux sous les coups de pied rageurs des quatre résistants de la dernière heure.