Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Daniel Lemoine
Paris : Rivages, avril 2012
286 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2324-1
Coll. "Noir", 859
Tell est pris...
Alors que l'on est en pleine Seconde Guerre mondiale, et que la menace japonaise bat son plein dans le cité des anges, les studios de la RKO, de la MGM et de la Warner rivalisent. Toby Peters, le détective des stars, se retrouve embringué dans une étrange affaire. Sheldon Minck, le dentiste avec qui il partage des locaux, est accusé d'avoir assassiné sa femme à la vue de tous et surtout aux yeux de Joan Crawford dans un parc public d'un carreau d'arbalète. Le présumé coupable, en instance de divorce, myope, a pourtant réussi le tir parfait tel Guillaume Tell (auquel il fera référence).
Engagé par le meurtrier présumé puis par la star qui ne veut pas voir son image ternie, Toby Peters se retrouve dans un imbroglio à l'opposé du film que l'on vient de proposer à Joan Crawford, Le Roman de Mildred Pierce, dans lequel une femme avoue avoir tué son mari infidèle. Coïncidence d'autant plus surprenante que la femme de Sheldon Minck se prénommait Mildred... Sheldon Minck avait commencé il y a peu à frayer avec les Survivants de l'avenir, une étrange secte aux membres psychopathes, qui prône l'autodéfense. C'est pourquoi Sheldon Minck avait fabriqué sa propre arbalète, et qu'il en apprenait le maniement. D'autres dans la secte privilégient l'arc, la sarbacane ou le poignard. L'histoire devient limpide lorsque l'on comprend que sa femme morte, Sheldon Minck hérite de sa fortune, qu'il est lui-même l'inventeur génial qui attire des capitaux, et qu'il a rédigé un testament dans lequel il lègue toute sa fortune à la secte. À partir de ces trois faits, il incombe à Toby Peters de protéger le dentiste, tout en le forçant à rédiger un nouveau testament, tout en l'innocentant, tout en protégeant l'image de Joan Crawford. En résumé : tout un programme au cours duquel les principaux protagonistes picaresques de ce drame burlesques vont n'avoir de cesse de le perturber.
Pendant près de trois cents pages, Stuart Kaminski déroule son intrigue. Il la parsème d'éléments historiques dans une ville rêvée du milieu des années 1940. L'intrigue fourmille de détails, nous plonge dans un roman où le cinéma fait son cinéma. Les personnages sont improbables. Leurs raisonnements totalement déraisonnables. Ils conservent cet aplomb propre aux joyeux imbéciles. Ce sont des ploucs dans un monde censé être civilisé. Ils cultivent à eux tous la crainte du lendemain et n'ont de cesse que de penser à leur petite personne. L'altruisme est proscrit, le désenchantement omniprésent. L'écriture à l'ironie féroce et à la critique douce-amère est alléchante, et aborde des sujets de la société de l'époque avec discernement. Un petit moment jubilatoire pour ce vingt-deuxième épisode que Stuart Kaminsky nous offre dans le monde des stars d'Hollywood avec Joan Crawford et après Cary Grant...
Citation
Tu as trop lu de romans policiers quant tu étais enfant. Les meurtriers ne retournent pas sur le lieu de leur crime. Ils en restent aussi loin que possible. En tout cas c'est ce que je conseille toujours à mes clients, qu'ils aient ou non commis un crime.