Sale temps pour le pays

Il avança en larmes vers le petit corps avec l'impression qu'on lui enfonçait des lames de rasoir dans le ventre. Il tendit la main vers lui, fébrile, mais ne réussit pas à le toucher. C'était trop dur.
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Roman - Policier

Sale temps pour le pays

Tueur en série - Procédure MAJ vendredi 14 septembre 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 8,15 €

Michaël Mention
Paris : Rivages, septembre 2012
270 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2399-9
Coll. "Noir", 882

Actualités

  • 13/09 Librairie: Mention de l'éventreur du Yorkshire au Genre urbain
    Le début du mois a vu paraitre aux éditions Rivages dans leur collection poche "Rivages/Noir" un roman inédit de Michaël Mention s'intéressant de très très près à l'Éventreur du Yorkshire, qui sévit en Angleterre dans les années 1976-1982. Sale temps pour le pays, roman qui hésite entre un style journalistique et télégraphique avec le souci d'être structuré cinématographiquement, se lit d'une seule traite. La librairie Le Genre urbain (60, rue de Belleville) vous invite à rencontrer l'auteur vendredi 14 septembre à partir de 20 heures. Il pourra ainsi vous expliquer pourquoi cette fascination pour ce personnage ainsi que son attrait pour la culture cinématographique et musicale anglaises.

    Sale temps pour le pays, de Michaël Mention (Rivages "Noir" n° 882 - 270 p. ; 8,15€.)

  • 07/09 Édition: Parutions de la semaine - 7 septembre

Dépeçage d'enquête

Quand au milieu des années 1970 au Royaume-Uni un tueur s'en prend à des prostituées, la presse anglaise a tôt fait de le surnommer L'Éventreur du Yorkshire, et d'en faire ses choux gras. L'enquête piétine, les attaques - souvent meurtrières - se multiplient. Le même mode opératoire ou peu s'en faut : les victimes non violées sont frappées au marteau dans la nuque, torse lacéré. Le tueur sévit aussi bien à Leeds qu'à Manchester, Bradford ou Huddersfield. S'en prend aussi bien à des prostituées qu'à des femmes esseulées. Michaël Mention, dans un style quasiment télégraphique où il maîtrise l'art de la chute sobre et efficace en fin de chapitre, a repris ces faits pour un roman sans temps mort où il prend le temps de dépeindre les principaux protagonistes d'une enquête avec de nombreuses failles.

À commencer par le manque de communication entre les services de police concernés. Le manque de rigueur et de logique. Dans l'intrigue de l'auteur, les soupçons par élimination logique se portent très vite un seul suspect. L'étau se resserre sans pour autant qu'il soit confondu. Pendant ce temps, Michaël Mention s'attarde sur l'enquêteur George Knox, un homme qui au cours de ces quelques années d'investigation va tout perdre : sa femme d'un cancer, ses responsabilités, ses amis, sa santé puis la vie. Un homme pour qui les victimes portent toutes un nom. Et c'est cette accumulation de noms qu'il aura porté comme une croix jusqu'au cimetière. L'enquête sera reprise par un de ses anciens amis justement qui suivra la même trajectoire avant que, comme bien souvent dans ces affaires de tueurs en série, le meurtrier soit enfin confondu lors d'un banal contrôle routier.

Cette multi-tragédie est donc racontée en un style sobre et factuel parsemé de références de l'époque dans un souci évident d'être très (trop ?) visuel. La crise économique, le déclin d'une nation, la montée au pouvoir de Margaret Thatcher avec le flot libéraliste qui s'ensuit, la musique qui inonde les radios, les films qui passent au cinéma, le tout avec cette veine "Je me souviens" qui procure toujours chez le lecteur un brin de nostalgie et qui lui donne des repères. Mais il y a l'autre pendant : l'absence de repères géographiques fictionnels. Seules les têtes de chapitre nous disent où nous nous trouvons. Les descriptions, elles, sont totalement absentes. On traverse les villes comme on traverse le désert. "Vous êtes ici", semble nous indiquer Michaël Mention, et l'on est forcé de le croire. Un roman urbain sans cet éclairage urbain, qui peut déboussoler auquel l'auteur ajoute quelques coupures de presse pour rendre son récit plus... "vivant". L'ensemble se lit avec délectation, les pages se tournent à bonne vitesse, et l'on referme le livre en se disant que décidément il y a quelque chose de pourri depuis longtemps dans les rouages des polices.


On en parle : La Tête en noir n°159

Citation

George poursuit sa lecture, apprend que la cuisse droite portait l'empreinte d'une semelle de pointure 41. "Marquée comme du bétail." Soucieux, Walter allume une cigarette. L'odeur indispose son ami, mais il n'en dit rien.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 13 septembre 2012
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