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Grand format
Inédit
Tout public
256 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-044-3
Actualités
- 05/06 Café littéraire: Toutes les couleurs du noir au Don Corleone
Dans le cadre des maintenant célèbres Mardis littéraires d'Alfred Mauro, le noir est célébré le mardi 5 juin à 20 heures. Comme il est, dixit Alfred Mauro, "nuançable, les auteurs s'exprimeront sur leur travail respectif et répondront aux questions du public".
Comme il est de coutume, la "chose" se déroule au restaurant Don Corleone qui, pour l'occasion, attend de vous d'être noir de monde. Et les auteurs invités me direz-vous ? Il s'agit de Jean-Louis Piétri (Marseille opus mafia), Jean-Claude Roméra (La Neige était tiède), Alain Seyfried (Place de l'Espigaou), Ludovic Lavaissière et Richard Tabbi (Moi et ce diable de blues).
Restaurant le Don Corléone
128, rue Sainte
13007 Marseille
Tél. : 04.91.33.85.24
Port. : 06.15.18.19.26
Participation aux frais :
25,00 € adhérent, 30,00 € non adhérent. (repas, vin compris)
Liens : Alain Seyfried |Jean-Claude Roméra
As time goes by
De nos jours, un policier à la retraite dans l'Aubrac se voit dans la nécessité de revenir sur un épisode de la lutte éternelle entre la police et la criminalité dans Marseille pendant les années 1980. Une décennie qui a vu de nombreux bouleversements et notamment la fin des "mythes du polar" des années 1960. Nous retrouvons dans Marseille, opus mafia, de l'écrivain Jean-Louis Pietri, ce qui fit la légende du grand roman policier : commissaires et inspecteurs atypiques, qui n'hésitent pas à trafiquer les preuves, à se mettre en marge de la loi pour pouvoir coincer les truands, et qui vivent encore dans une sorte de fraternité et de complicité. Face à eux, des truands qui sont en train d'amorcer un virage : les anciens pensent encore en terme de fidélité, de respect des règles (il faut aller demander aux caïds locaux le droit de commettre un hold up sur leur territoire), et les nouveaux qui ne cherchent qu'à se faire de l'argent et de l'influence rapidement au risque d'être écrasés. Nous retrouvons également (ce qui est sans doute l'un des intérêts primordiaux du livre) la figure de la prostituée avec une call girl de haut vol, plus habituée à la jet set et aux ambassades qu'aux coins de rue mais qui est prise aussi entre des pulsions contradictoires. Amoureuse d'un vieux truand, elle est prête à abandonner pour lui le métier. Dans le même temps, elle se lie avec un policier et accepte de lui servir d'indic, mais elle se retrouve finalement "retournée" par l'un des parrains de la ville.
Marseille, opus mafia se savoure par différents aspects. Avec une écriture simple et distanciée qui renvoie aux grands documentaires sur le genre : descriptions du milieu et des forces de police, décentrements sur différents personnages qui font avancer l'intrigue et qui, en même temps, font comprendre les réactions et les pensées de chacun - comme les épisodes sur les chefs mafieux qui cherchent les traitres potentiels -, rappels des grandes images pour les amateurs : on imagine très bien une version melvillienne de ce roman avec Alain Delon et Romy Schneider. C'est ainsi que l'on suit un texte qui hésite entre roman bien mené et documentaire dont on sent le vécu - Jean-Louis Pietri a été policier. Surtout, c'est le compte rendu d'une époque révolue car ces années-là semblent être le passage de relais impossibles, symbolisés par une jeune femme qui recherche ses parents et ne pourra en savoir plus, entre policiers et truands de l'ancienne génération et de nouvelles pratiques - là aussi à travers une jeune policière qui effectue une filature en jogging... Comme pour appuyer ces propos, le roman s'ouvre et se clôture sur la mort des deux principaux protagonistes de l'aventure pour mieux signaler ce changement de monde.
Citation
Derrière ce matin sicilien, il y avait quatorze mois d'enquête, de paperasses, de rencards, de filoches, de planques, des wagons de rapports, requises, écoutes, photos, des condés au bord du divorce, des bergères qui maudissaient le métier de leur mari, des soupes à la grimace dans les ménages poulagas, des fêtes de famille plombées, des morpions qu'on n'a pas vu grandir.