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Inédit
Tout public
Traduit du norvégien par Alain Gnaedig
Paris : Gallimard, janvier 2012
354 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-013137-2
Coll. "Série noire"
Ordures norvégiennes
De nos jours, avec la mondialisation et le développement des loisirs, le nombre de romans policiers disponibles dans le monde est très important. Aussi, mis à part quelques auteurs particuliers, il convient d'avoir un angle pour pouvoir raconter une histoire qui accroche, lorsque l'ensemble des sujets, des angoisses, des problèmes a été plus ou moins traité. Comment donc raconter une histoire qui ne tourne pas au serial killer lorsque l'on met en scène le corps d'une femme, torturée, violée, assassinée, découvert dans une benne à ordures ?
Le Norvégien Kjell Ola Dahl décide, avec Faux-semblants, de partir dans une autre direction. Pour commencer, son héros Frank Frolich, inspecteur de son état, en venant analyser le corps découvre qu'il s 'agit d'une connaissance très récente : une jeune femme qu'il a interpelé la veille en possession de stupéfiants avant de l'avoir retrouvée un peu plus tard au bras d'un ancien ami d'enfance perdu de vue depuis une sombre histoire lors de vacances en Corse. Et cette jeune fille connaissait un homme louche sur lequel il enquêtait... À cette intrigue, Kjell Ola Dahl, comme c'est maintenant monnaie courante, en rajoute une autre avec une seconde enquête où Frank Frolich s'intéresse à la disparition d'une étudiante ougandaise. Une disparition qui suscite l'indifférence générale parmi les forces de police norvégienne. Cependant, ce contrepoint très mélancolique sur les "oubliés" de la civilisation, les immigrés dont on se moque quelque peu, renforce la profonde nostalgie qui étreint l'inspecteur dans son enquête sur la femme de la benne à ordures et les regrets de ses "mauvaises" actions en Corse.
À l'instar de l'enquête qui suit des méandres complexes, de la mémoire du personnage qui zigzague, Faux-semblants prend son temps, bifurque, nous emmène dans des fausses pistes, semble perdre son temps, pour pourtant toujours revenir au cœur de son sujet. Une enquête, c'est aussi un travail sur la mémoire, sur comment redonner une vie à un passé qui a été brutalement détruit, à quelqu'un qui n'est qu'une statistique. C'est à cet aspect, ce travail de résurgence des choses enfouies, que s'attelle avec soin Kjell Ola Dahl, un soin symbolisé avec force dans les scènes finales dans les grands égouts collecteurs de la ville.
Citation
Tu sais que les gens sont fascinés par les égouts, Frank ? Les gens sont prêts à patauger dans la merde. Nous organisons des visites - on appelle cela des safaris dans les égouts.