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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Élodie Leplat
Paris : Sonatine, juin 2012
294 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-35584-116-3
Sommes-nous donc tous des monstres ?
"J'ai tué un monstre", avouait John Wayne Cleaver, seize ans, à la fin du précédent opus de Dan Wells, Je ne suis pas un serial killer. Un être techniquement démoniaque. Son voisin. Mais pour le tuer, il avait dû se laisser aller à ses propres penchants sociopathes. Libérant un monstre en lui, contre lequel il lutte désormais : Mr Monster. Un monstre à la présence obsédante, et dont il finit par douter qu'il puisse venir à bout un jour. D'autant qu'un nouveau tueur en série sème la terreur dans Clayton City. Un pervers, un démon qui ressemble de beaucoup à ce voisin dont il avait purifié la ville. Un être avec lequel il se trouve de nombreuses ressemblances, au point que le FBI et lui-même se persuadent qu'il n'est autre que ce meurtrier qui défraie Clayton City. Est-il devenu ce tueur qui le fascinait tant ? Tout devient plus compliqué dès lors, et plus trouble à la lecture.
Dan Wells nous embarque dans l'une de ces ambiguïtés qu'il affectionne, chargeant le lecteur sur les épaules du jeune Cleaver, l'installant dans les méandres de sa folie, à ce point de rencontre où le glauque se conjugue à l'amoralité. Fixations, fantasmes, phobies. Il n'est pas jusqu'à la fascination de Cleaver pour le feu qui n'ensorcelle le récit. Ses rêves de meurtre plongent la lecture dans l'indécence, l'embarras, acculant le lecteur à s'en faire le voyeur, sinon le complice, séduit par ce sympathique sociopathe de seize ans, justicier nécessaire d'un monde malade. Mais un vrai sociopathe et c'est là tout le problème, car il a beau débarrasser la ville de vrais salauds qui ne méritent pas un autre traitement, en réveillant ce goût d'une justice expéditive, c'est à un plaisir coupable qu'il nous livre.
Une machination textuelle encore une fois bien menée, implacable, où s'accomplit toutes les prémisses du premier volume : la boucle est bouclée, il n'y a plus d'innocence à convoquer, elle s'est dispersée dans les limbes d'une lecture immorale. Dommage, cependant, ce début laborieux dans lequel le romancier a cru bon de reprendre trait pour trait la mise en place de son personnage dans le premier opus, ces rappels qui encombrent la lecture un long moment.
Citation
Quand j'avais assassiné le démon, Mr Monster avait goûté pour la première fois à la mort, et désormais il en voulait plus.