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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Olivier Hamilton
Paris : Asphalte, août 2012
224 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-918767-26-8
Coll. "Fictions"
Satans sur les routes
À l'instar de Savages de Don Winslow, le roman de Leonardo Oyola nous baigne dans une culture populaire qui nous séduit car l'exotisme a du charme surtout s'il est ancré dans une époque. Ses personnages sont déjantés au possible, hargneux, fous furieux, sanguinaires, égoïstes et généreux à la fois, et pourtant ils réussissent à nous émouvoir. Difficile d'écrire un road novel avec des réminiscences carcérales et un univers à la limite du compréhensible, cependant, l'auteur se dépatouille de tout cela et nous offre un joli roman qui se lit d'une traite. Bien sûr, la tonalité n'est pas originale, et l'on a parfois l'impression que la caricature est poussée à l'extrême sans que cela ne soit voulu. Bien sûr, des personnages picaresques chaotiques la littérature populaire nous en a beaucoup proposé avec beaucoup de talent chez Jerome Charyn et Pierre siniac. Mais le chaos se désaccorde géographiquement et chez les Argentins, il a tendance a devenir fou.
Chamamé, c'est une histoire d'amitié trahie entre Perro et le Pasteur Noé, une danse satanique. L'un a des illusions, l'autre est illuminé. L'un joue du flingue, l'autre du couteau taille XXL. L'un voudrait éviter les ennuis, l'autre les provoque. La prison et sa violence, ses lois intérieures régies par des gangs et la corruption, ils l'ont connue ensemble. Perro rêve de s'en sortir, le Pasteur Noé de bâtir une cathédrale. Ils ont réussi à s'en échapper vivants et libres mais avec une horde dangereuse à leurs trousses. Plutôt que de se fondre dans le paysage, ils roulent, trucident, dépouillent, volent avant d'enlever puis de rançonner.
Mais si les voies des saigneurs sont impénétrables, elles sont surtout fragiles. Alors Noé trahit Perro. Lui laisse un cadavre dans une chambre d'hôtel, et s'en va avec le magot. Seulement, Perro, il a du chien, c'est un entêté de première qui ne supporte pas de se faire enfler, et qui veut réintégrer le navire. C'est aussi le "mais", l'épine retirée de la couronne et qui insidieusement se glisse entre un orteil et son ongle, entre dans la peau, dans une veine, et remonte jusqu'au cœur. L'affrontement final sera féroce, on le sait, on le sent, nul ne s'en sortira indemne. L'autodestruction est en route et ce dès les premières pages pour ces deux personnages autant décharnés qu'exacerbés et entiers, qui s'aiment et s'admirent mais qui s'en vont mourir l'un contre l'autre.
C'est cette histoire que délie au fil de pages écrites, on le devine, d'une traite Leonardo Oyola avec beaucoup de poésie, de rythme et de folie. On lâche parfois pied, on y revient souvent, on s'apitoie sur les personnages secondaires, on refuse d'aller voir en fin d'ouvrage les astérisques musicalement explicatives de morceaux de Bon Jovi car faire fleurir son imagination avec de la littérature d'évasion, c'est aussi ça - rester dans le roman -, et l'on se dit qu'il nous a payé une bonne tranche de vie jusqu'à la folie et la mort...
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°47
Citation
Je suis un ami de Sarah Connor. On m'a dit qu'elle était ici. Je peux la voir ?