Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (Irlande) par Franck Reichert
Paris : Folio, septembre 2012
462 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-044283-6
Coll. "Policier", 667
Perdants de Dublin
Le roman noir a beaucoup décrit la trajectoire des paumés, des rejetés de la vie, et ce depuis On achève bien les chevaux, de Horace McCoy. Le progrès a donc eu le temps de faire des ravages depuis 1935... ce qui n'empêche pas les paumés de subsister et, parfois, d'être là où le lecteur ne les attend pas.
Avec Le Chœur des paumés, de l'Irlandais Gene Kerrigan, nous suivons une prostituée, droguée, qui veut à tout prix obtenir la garde de son fils. Elle est prête à tout y compris à servir d'indic. Nous croisons également un braqueur de bijouteries qui aime les petits casses tranquilles mais qui se trouve contraint d'abattre un vigile qui s'interpose bêtement. Pourtant ce qui ressort des sous-intrigues, ce qui donne l'unité musicale à ce chœur, c'est un policier. l'inspecteur Synnott, apparu au préalable dans À la petite semaine, est un flic intègre, qui a placé la justice au-dessus de tout. Il est même prêt à quelques actions à la limite de la légalité afin d'appuyer son point de vue et de falsifier voire élaborer les preuves qui lui manquent pour faire tomber un suspect.
Mais le chœur, c'est aussi un rappel de la tragédie grecque, et le roman n'échappe pas à cette tragédie : l'univers de Synnott se décompose au fil des pages. Sa soif de justice l'entraine insidieusement du côté obscur de la Force, dans une sorte d'entonnoir qui s'achève par une crise de larmes au volant de sa voiture. Des pleurs qui ne peuvent nettoyer le gâchis intégral semé autour de lui. La tragédie est là, à fleur de peau, lorsque les bosses de la vie deviennent telles que seule la violence, la trahison, et les mensonges envers soi-même peuvent, de manière illusoire, résoudre les problèmes.
Si le progrès a frappé, il a changé la vie quotidienne mais n'a pas réussi à faire bouger le fonds des Hommes. Il laisse toujours, au bord de la voie ferrée, ceux qui n'ont pas pu prendre le train en marche.
Citation
Contre la ruse, la loi n'est certes qu'une arme défectueuse, mais placée ente de bonnes mains, sa puissance peut malgré tout exercer une justice imparfaite.