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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Namia
Paris : Calmann-Lévy, septembre 2012
428 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4267-7
Coll. "Robert Pépin présente"
Fantastique social
La crise actuelle que traverse le monde occidental offre aussi l'occasion aux écrivains de revenir sur les crises précédentes, et pour les Américains de se souvenir de la Grande crise de 1929. C'est aussi une bonne façon de renouer avec le grand roman américain sur la pauvreté, la lutte des exclus, à l'instar des grands romans noirs classiques, comme ceux de John Steinbeck ou On achève bien les chevaux de Horace McCoy. C'est donc le décor temporel que choisit Michael Koryta pour son nouveau roman. Les récents désastres des catastrophes naturels ont également remis en lumière le Sud cher à James Lee Burke, et c'est tout naturellement que l'auteur se tourne non vers la Louisiane mais vers la Floride où au début des années 1930 une tornade a causé d'énormes dégâts.
Michael Koryta va donc utiliser les thèmes classiques pour mettre en scène son histoire : deux vagabonds, deux étrangers, arrivent dans une petite ville, aux mains de la mafia. Ils se prennent d'amitié pour une femme seule qui essaye de survivre en faisant vivoter son hôtel. Ils vont l'aider et tombent tous les deux amoureux. Mais l'explosion dans sa voiture d'un ramasseur de fonds pour la mafia attire l'attention sur eux et les voilà surveillés par la police, liée aux truands. Comment, au sein d'une nature hostile (outre les éléments naturels, il y a des serpents d'eau et autres joyeusetés), les deux personnages vont essayer de s'en sortir, voilà tout l'enjeu du roman. À ces éléments, Michael Koryta ajoute - peut-être l'influence du lieu et les réminiscences de James Lee Burke - une touche légère de fantastique car son personnage central, Arlen Wagner, a découvert sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale qu'il a le don de voir les morts futures. Il constate que la mort se rapprochant, les gens autour de lui commencent à fumer des yeux, signe de l'évaporation de leur âme. De plus, il semble avoir reçu une partie du pouvoir de son père, capable de converser avec les morts...
Mortels regards oscille donc, avec grâce, entre un pôle hyper réaliste - une description sèche de la tentative de survie des pauvres gens au milieu d'une crise économique avec l'ajout de catastrophes naturelles et la pression de groupes mafieux - et une échappée entre l'amour naissant d'un couple de "paumés" et la façon dont le héros va concilier sa vie, son passé et ses "pouvoirs". Ces deux parties s'emboitent pour offrir un roman qui en s'inspirant d'une période connue présente une variation de qualité sur des thèmes classiques.
On en parle : La Tête en noir n°159
Citation
Tolliver était costaud mais pas en forme. Rapidement l'effort que ça demandait de tabasser Arlen dans cette pièce chaude et humide laissa des traces et il se mit bientôt à respirer presque aussi bruyamment que lui.