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Nous avons gagné ce soir
Grand format
Réédition
Tout public
Paris : Montparnasse, décembre 2002
1 DVD VO-VOST Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "DVD collector"
Actualités
- 12/12 Cinéma: Robert Ryan et réalisateurs européens - acte II
L'Action Christine* pour la deuxième semaine s'offre la même double thématique aux profonds aspects sombres. D'une part, il y a Robert Ryan, géant et rugueux acteur à la sensibilité exacerbée et à la boxe professionnelle. Et pas que dans Nous avons gagné ce soir, de Robert Wise. D'autre par il y a Hollywood les talents européens avec des réalisateurs comme William Dieterlé qui avec sa Vie d'Émile Zola touche évidemment à des sujets sociétaux et noirs. Mais la liste des films ci-dessous vous en conviendra bien mieux qu'un long discours...
Festival 1 : Robert Ryan
"Festival Robert Ryan, du 28 novembre au 18 décembre. Son physique de costaud (1,93 m, 89 kg), son visage aux traits rudes et saillants, valurent à Robert Ryan d'être utilisé par les studios hollywoodiens le plus souvent dans les rôles de méchants, de durs dans des films noirs ou des westerns. Pourtant, en dehors de ses succès comme boxeur au lycée et à l'armée, il était un étudiant diplômé de littérature anglaise, très tôt intéressé par l'art dramatique. Après deux ans de petits boulots, il parvint à Hollywood où il fut brièvement l'élève de Max Reinhardt puis de Vladimir Sokoloff qui lui enseigne la sobriété du jeu, la maîtrise gestuelle, suivant la méthode de Stanislavski. À trente ans, il débute au théâtre (1939) et épouse une jeune débutante, la belle Jessica Cadwalader (plus tard, écrivain), qui, au cours de leur longue vie commune, lui donnera trois enfants. En 1940, il obtint son premier rôle au cinéma, mais toute sa vie il restera fidèle au théâtre, et jouera O'Neil, Pirandello, Shakespeare, Giraudoux, Brecht. En 1959, avec John Houseman et Sidney Harmon, il fonda le Theatre Group à l'UCLA (Université de Californie) et en 1968, avec Henry Fonda et Martha Scott, la Plumstead Playhouse Repertory Company. Après son engagement dans les Marines de 1944 à 1945, il retourna aux studios. Le plus étonnant dans sa féconde carrière (71 films en trente ans) est l'exigence qu'il manifesta dans le choix de ses metteurs en scène. Peu d'acteurs de la même génération peuvent en effet se flatter d'un palmarès oû figurent les noms de Cecil B. DeMille, Jean Renoir, Raoul Walsh, Max Ophuls, Anthony Mann, Budd Boetticher, Jacques Tourneur, Nicholas Ray, Joseph Losey, Fritz Lang, Samuel Fuller, Richard Brooks, Allan Dwan, (on ne les cite pas tous). N'ayant pas le statut de 'star', il partagea très souvent les premiers rôles au générique, mais marquait les films par sa présence, donnant à ses personnages une vérité et une épaisseur humaine qui gardent toute leur intensité aujourd'hui. S'il fallait en citer qu'un seul, ce serait peut-être celui du boxeur déchu mais intègre, aux réflexes quasi titanesques, de Nous avons gagné ce soir (Wise, 1949), sans doute son plus beau rôle. En plus d'être un acteur distingué et intelligent, ce fut un homme qui s'engagea dans de forts combats comme celui qu'il mena contre la chasse aux sorcières maccarthyste, son engagement aux côtés des militants pour les droits civiques et pour la restriction des armes atomiques. Il est probablement le seul acteur ayant créé une école pour promouvoir les valeurs humaines : avec sa femme, en 1951, il ouvrit et entretint la Oakwood School à North Hollywood, qui est estimée, de nos jours, comme étant une des meilleures du pays. Un 'good guy' (un type bien)... "
Mercredi 12 décembre :
Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair), de Joseph Losey (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30, 20 heures & 21 h 30).
Jeudi 13 décembre :
Berlin Express (Berlin Express), de Jacques Tourneur (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30, 20 heures & 21 h 30).
Vendredi 14 décembre :
Caught (Caught), de Max Ophuls (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Samedi 15 décembre :
Le Démon s'éveille la nuit (Clash by Night), de Fritz Lang (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Dimanche 16 décembre :
La Femme sur la plage (The Woman on the Beach), de Jean Renoir (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30, 20 heures & 21 h 30).
Lundi 17 décembre :
Nous avons gagné ce soir (The Set-up), de Robert Wise (14 heures, 15 h 30, 17 heures, 18 h 30, 20 heures & 21 h 30).
Mardi 18 décembre :
L'Aventure inoubliable (The Sky's The Limit), de Edward H. Griffith (14 heures, 16 heures & 18 heures).
Festival 2 : Hollywood les talents européens
"Festival Hollywood : les talents européens, du 5 au 25 décembre. Peut-être une raison essentielle de l'importance de Hollywood et de l'universalité de son cinéma fut sa capacité à accueillir des talents venant du monde entier. Que ce soient des immigrés de fraîche date y trouvant leur voie et la réussite sociale, que ce soient des artistes réputés attirés par les grands studios ou chassés de leur propre pays par des régimes politiques xénophobes, tous contribuèrent à enrichir et à diversifier le cinéma américain, par leurs styles et les spécificités de leurs cultures d'origine. C'est particulièrement vrai pour les réalisateurs. De parfaits exemples peuvent être deux grands cinéastes comme Frank Capra, pauvre petit immigré italien devenu un des 'rois' de Hollywood, et Lubitsch, arrivé aux USA en 1923, auréolé de son prestige de grand metteur en scène allemand. Ils ne furent pas les seuls et en voici une illustration dans ce programme où vous trouverez des réalisateurs pourtant considérés comme 'typiquement' américains."
Mercredi 12 décembre :
L'Aigle des mers (The Sea Hawks), de Michael Curtiz (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Jeudi 13 décembre :
Le Médaillon (The Locket), de John Brahm (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Vendredi 14 décembre :
Now Voyager (Now Voyager), de Max Ophuls (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Samedi 15 décembre :
Bunny Lake a disparu (Bunny Lake is Missing), de Otto Preminger (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Dimanche 16 décembre :
Tant qu'il y aura des hommes (From Here to Eternity), de Fred Zinnemann (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Lundi 17 décembre :
La Vie d'Émile Zola (The Life of Emile Zola), de William Dieterlé (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Mardi 18 décembre :
Mr Smith au sénat (Mr Smith Goes To Washington), de Franck Capra (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
* L'Action Christine
4, rue Christine
75006 Paris
Tél; : 01.43.25.85.78
contact@actioncinemas.com
Liens : Michael Curtiz |Jacques Tourneur |Fritz Lang |Otto Preminger |Fred Zinnemann |Robert Wise |William Dieterle |Raoul Walsh - 16/10 Cinéma: Polar et égéries hollywoodiennes - Acte IV
Poings sur les i
Nous avons gagné ce soir, l'excellent film de Robert Wise sur le monde sanglant, noir et corrompu de la boxe, a été réalisé d'après un poème de Joseph Moncure March. Les lettres nobles au service d'un sport noble. Seulement voilà, pendant les soixante-douze minutes de ce film en temps réel, il ne sera pas tant question de noblesse que de tricherie, du duperie, de haine et d'horreur.
Robert Ryan est un acteur à la carrure imposante, à la stature reconnue et au jeu à presque mille facettes. Il a joué dans tous les genres de films aussi bien un bad guy qu'un gentil benêt. Il a été champion universitaire de boxe à Dartmoor, et a déjà mis les gants en 1943 pour Face au soleil levant, d'Edward Dmytryk. La boxe, il connait. Celle à l'ancienne avec une technique qui aujourd'hui frise l'amateurisme malgré le punch et la violence des coups, et un avant-match qui ferait sourire. Il incarne Stoker.
L'avant-match c'est justement dans une chambre d'hôtel miteuse avec sa femme que Bill "Stoker" Thompson le passe. Une dispute car Julie (Audrey Totter) ne supporte plus de souffrir de le voir souffrir. Il a perdu près d'une centaine de matchs, a encaissé des coups qui l'ont mis au tapis, et a vécu un dernier combat dont il est sorti tout sauf indemne au bout de plusieurs jours d'inconscience. Elle refuse le billet pour assister à ce match, et arpentera les rues la douleur au ventre, pendant que Stoker hante le vestiaire de boxeurs déjà brisés ou qui vont le devenir en attendant de monter sur le ring défier un plus jeune de douze ans. Tous ont des rêves d'une gloire même éphémère. À l'instar des joueurs de casino, tous pensent que la chance peut tourner et qu'un unique coup peut les envoyer sur les sentiers de la renommée. Mais tous reviennent amochés sur la table...
Surtout que la mafia gangrène un sport qui propose des paris. Des gens mal intentionnés qui placent bien l'argent qu'ils blanchissent, tout ça sous les yeux d'un public réduit à la plus simple expression bestiale. Robert Wise met ce public à nu avec des gros plans sur ces bouches ouvertes et vulgaires. On crie "tue-le" en mangeant des sandwichs dégoulinants, on boit énormément, on conspue, on écoute les résultats de match de base ball à la radio pendant que sur le ring ça sue et ça saigne. Le dernier match de Stocker est truqué mais il ne l'apprendra qu'au troisième des quatre rounds, et refusera de se plier aux exigences de son manager parce qu'alors il sent qu'il peut gagner. La fin dans une salle vide de tout public avec un Robert Ryan apeuré cherchant une sortie pour s'éclipser est un modèle du film noir tout comme son combat filmé sous la ceinture (les coups y sont interdits) par John Indrisano le place parmi les grands précurseurs du film sportif.
Nous avons gagné ce soir : 72 min. réalisé par Robert Wise sur un scénario de Art Cohn, d'après le poème de Joseph Moncure March avec Robert Ryan, Audrey Totter, George Tobias, Alan Baxter, Wallace Ford, Percy Helton, James Edwards, Tommy Noonan...
Bonus. Commentaire audio de Robert Wise (72 min.). "Lumière du film noir", entretien avec Raoul Coutard (13 min.). "Filmer le sport", entretien avec Vincent Duluc (14 min.). Dans la même collection.
Booklet (12 p.).
Illustration intérieure
On en parle : L'Indic n°4
Citation
Tu as fait une erreur, Stoker. Une grave erreur. Je ne parle pas de Nelson... Trois ou quatre victoires et ce sera oublié. Mais j'ai payé quelque chose que je n'ai pas eu. Je n'aime pas ça, Stoker.