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Trajectoires tragiques blanches
Dans Cavale blanche, il y a une "femme fatale" bretonne qui se prénomme Gwen - un prénom qui signifie la blancheur. C'est justement à cause d'elle que Dan, le personnage central, se voit obligé de fuir et de mener sa cavale. Il est aussi question de drogue car lorsque l'on a un besoin pressant d'argent pourquoi ne pas soustraire un chargement au grossiste local et revendre la poudre à de petits "artisans" du crime ? On se doute que les gangsters vont tenter de savoir qui les a doublés et qu'ils vont partir à la recherche de leur "Blanche". Et lorsque Dan fuit, il se réfugie sur une petit île désolée au large de la Bretagne et, seul, il regarde l'écume blanche venir s'écraser contre le rivage. Son portable a été trempé, les piles de sa radio sont mortes - la solitude et le silence sont une des autres formes du blanc.
Le roman est court, tendu vers son objectif, ponctué de chants punks. Tout commence avec l'arrivée de Dan sur son île et, entre la suite logique et les flashbacks, il va raconter son histoire. Une histoire d'amitié et d'amour car Dan est amoureux de Gwen partie avec son meilleur copain, Mau - étrangement c'est un écrivain qui vit de sa littérature mais qui veut faire un "coup et qui s'appelle Maurice Le Dantec... Quelques mois plus tard Mau revient et propose le vol de la drogue à Dan. Outre le récit noir particulièrement rapide et intelligemment mené, c'est en filigrane le portrait de Gwen en femme fatale, un peu malgré elle, mais peut-être extrêmement manipulatrice, qui ressort. Du coup, sans dévoiler la fin de l'intrigue, la chute révèle une astuce adroite et crédible. En quelques pages, l'auteur fait vivre la solitude, la complicité des trois personnages centraux, la trajectoire tragique qui les mène d'une vie sans histoire à une situation dont il est impossible de sortir normalement. Même en Bretagne, les elfes et la littérature ne peuvent sauver les "êtres blancs". La cavale étymologiquement a un rapport avec le cheval et, au bout du compte, la course ressemble à un manège où l'on revient forcément à un point par lequel on est déjà passé. Il n'y a pas d'échappatoire et c'est sans doute ce que hurlent les comptines punk tout au long du roman.
Citation
J'avais erré, créature inédite, habitant des pensées rotatives et traînant un corps pachydermique. Après, tout devint plus difficile, je marchais vers le fond de l'impasse.