Contenu
Jeux de pouvoir
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Michèle Garène
Paris : Le Masque, mars 2012
474 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3700-1
Coll. "Masque jaune", 2537
Actualités
- 16/03 Édition: Parutions de la semaine - 16 mars
Une semaine placée sous le signe de la seconde chance avec les publications au format poche des romans en "Folio policier" de D.O.A. (Le Serpent aux mille coupures et surtout du nouvellement regretté William Gay (La Mort au crépuscule). Toujours en poche, à signaler, le dernier roman de l'Argentin Ernesto Mallo, Voyou argentin, où le retour de Lascalo. Stéfan Máni revient avec Noir karma à la "Série noire" pour un roman que l'on espère plus abouti que le précédent (qui ressort en poche, et qui avait ouvert quelques voies sans prendre la peine de les refermer). Le livre de la semaine, à notre humble avis subjectif (vu que nous n'avons pas lu tous les ouvrages listés), est à piocher du côté de chez Viviane Hamy, avec Karim Miské, un nouveau venu, qui signe un prometteur Arab jazz. Aurélien Molas signe peut-être le roman de la confirmation, du moins celui que l'on attend au tournant. Marie Vindy débarque dans la collection "Fayard noir". Et les éditions de Minuit nous proposent une œuvre commise par... Alain Robbe-Grillet !
Pour le reste, faites votre choix :
Grand format :
Qui veut encore tuer le Christ ?, de Gilbert Abas (Tatamis)
Le Sang de la vigne. On achève bien les tonneaux, de Jean-Pierre Alaux & Noël Balen (Fayard)
Départ de feu, de Alex Berenson (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
Meurtre sur la côte ouest, de Sandy Cook (ESI)
Et pourtant j'étais mort, de Xavier Couture (Le Masque, "Grands formats")
Le Saboteur, de Clive Cussler & Justin Scott (Grasset)
Joyeux Noël Constantin !, de Gilles Del Pappas (Après la lune)
L'Enfer commence maintenant, de Karin Fossum (Le Seuil, "Policiers")
La Mort au crépuscule, de William Gay (Folio, "Policier")
Arab jazz, de Karim Miské (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes")
Double meurtre à Borodi Lane, de Jonathan Kellerman (Le Seuil, "Policiers")
Un thé chez Confucius, de Frédéric Lenormand (Philippe Picquier)
L'Intrus, de David L. Lindsey (Gallimard, "Série noire")
Noir karma, de Stefan Mani (Gallimard, "Série noire")
Ordures connection, de P. J. Martin (L'Écailler, "Pulp")
Les Fantômes du delta, d'Aurélien Molas (Albin Michel, "Romans français")
Givre noir, de Pierre Pelot (La Branche, "Vendredi 13")
Movida kamikaze, d'Adrien Petrache (LC éditions du Nouveau livre, "Collection suspense noir")
Wonderland, de Gilda Piersanti (Le Passage, "Ligne noire")
Le Roi lézard, de Dominique Sylvain (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes")
The Doors : 21 nouvelles aux portes du noir, sous la dir. de Jean-Noël Levavasseur (Buchet Chastel, "Littérature française")
Une femme seule, de Marie Vindy (Fayard, "Noir")
Poche :
Demasiado corazon, de Pino Cacucci (Bourgois)
Jeux de pouvoir, de John Connor (Le Masque, "Masque jaune")
Le Serpent aux mille coupures, de D.O.A. (Folio, "Policier")
Le Cercle Octobre, de Robert Littell (Pointdeux)
Voyou argentin, de Ernesto Mallo (Rivages, "Noir")
Noir océan, de Stefan Mani (Folio, "Policier")
Les Gommes, d'Alain Robbe-Grillet (Minuit, "Double")
Les Anges s'habillent en caillera, de Rachid Santaki (Points, "Roman noir")
Mesquite Road, de Gabriel Trujillo Muñoz (Folio, "Policier")
Le Huitième péché, de Philipp Vandenberg (City, "Poche thriller")
Grands caractères :
Les Neuf dragons. 1, de Michael Connelly (La Loupe)
Les Neuf dragons. 2, de Michael Connelly (La Loupe)
Un safari tout confort, d'Alexander McCall Smith (La Loupe, "Détective")
Samedi 14, de Jean-Bernard Pouy (La Loupe, "Roman")
Liens : Les Neuf dragons |Le Serpent aux mille coupures |La Mort au crépuscule |Noir Océan |Arab jazz |Double meurtre à Borodi Lane |On achève bien les tonneaux |Jean-Pierre Alaux |Alex Berenson |Michael Connelly |John Connor |Clive Cussler |Gilles Del Pappas | D.O.A. |William Gay |Jonathan Kellerman |Frédéric Lenormand |Robert Littell |Ernesto Mallo |Stefán Máni |Alexander McCall Smith |Aurélien Molas |Pierre Pelot |Gilda Piersanti |Jean-Bernard Pouy |Dominique Sylvain |Jean-Noël Levavasseur |Gabriel Trujillo Muñoz |Marie Vindy |Karim Miské |Rachid Santaki
L'esprit déviant des lois
Celui qui a le pouvoir a toujours tendance à vouloir jouer avec, à tester en ses limites. Cela vaut pour tous les corps de métier y compris celui de flics - et ce n'est pas l'actualité récente qui nous contredira. John Munro, le personnage de ce(s) Jeux de pouvoir, est un policier intègre, sans doute, mais il est souvent au bord de la légalité, prêt à quelques concessions avec les formalités pour obtenir des aveux ou cerner une piste. Il est d'autant plus sur les dents dans le présent roman, qu'on lui a confié une enquête très difficile : la jeune fille d'un juge, âgée de treize ans a été enlevée et les heures s'égrènent. Mais le pouvoir c'est aussi celui des notables locaux qui se croyant au–dessus du vulgum pecus pensent pouvoir fêter une victoire électorale en s'offrant quelques jeunes filles mineures vendues par leurs familles. Une ancienne victime se souvient des années plus tard d'avoir été violée en revoyant à la télévision l'un de ses anciens bourreaux : c'est le député local. Grosse pression sur Karen, une inspectrice qui doit découvrir les moyens de prouver les dires de son témoin tout en louvoyant avec les pressions de ses chefs.
Évidemment, les deux affaires éclatent en même temps et l'astuce de Connor n'est pas de les monter en parallèle, comme une résurgence l'une de l'autre, mais au contraire de les juxtaposer, car si la jeune fille du juge a été enlevée, ce n'est simplement qu'une conséquence de la première affaire. L'auteur manie également l'intérêt en s'appuyant sur deux éléments intelligents. Il a une connaissance pointilleuse la procédure policière d'investigation associée aux luttes de pouvoir interne sil apporte un soin extrême aux sentiments de ses personnages. La tension des situations et la tension des dilemmes moraux s'arcboutent pour montrer justement ces interstices où l'homme honnête peut basculer, où la vengeance fait perdre la mesure des choses, où la victime se sent heureuse avec son bourreau - le fameux syndrome de Stockholm. Jeux de pouvoir parle justement de ces glissements, de ce moment où le pouvoir devient coercition, où le jeu innocent devient pervers, à l'image du juge qui cache des images de pédophilie au milieu de dossiers d'enquête sur le même sujet, où le pouvoir se suffit à lui-même. Et pour parfaire l'exercice, John Connor n'offre que très peu de fioriture. Son style est basique et efficace.
Citation
Il m'a violée et il s'en foutait. Quand il en a eu fini, un autre a pris le relais, puis ils m'ont retournée et j'ai senti qu'ils me prenaient par derrière.