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Grand format
Inédit
Tout public
362 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-226-24428-4
Coll. "Thrillers"
Traversée du disert
En matière d'art et de littérature, menacés par la dictature de la vulgarité, il est toujours risqué de faire passer ce qui ne l'est pas pour du cinq étoiles. Certes, il existe tout un aéropage de gens doués pour ça dans la chaine du livre, seulement le lecteur, lui, n'est pas toujours dupe, et à moins qu'il fasse semblant par conformisme, transi d'épouvante à l'idée de ne pas être l'homme ou la femme du XXIe siècle, il risque fort de sentir l'arnaque et de perdre confiance dans les oukazes de la clique de bon ton censée décider pour lui. D'où ce roman, doté d'une très belle couverture, voué à fleurir en tête de gondole.
L'histoire ? Une femme, Anne, tombe par hasard sur un cambriolage et se fait tabasser. Or elle est la compagne du flic Camille Verhoeven, qui a pour particularité d'être de petite taille. Anne finit à l'hôpital, lui enquête, et un narrateur veut finir le travail - on passera sur le fait qu'un criminel dangereux et tout et tout emmène un fusil dans un hôpital, discret comme la violette, plutôt qu'un flingue... Viennent deux révélations capillotractées où personne n'est ce qu'il n'y semble être, ce qui frôle la rétention d'informations, et hop ! Bouclé. C'est tout ? C'est tout.
Dans son temps, cela eût donné un "Spécial Police" de cent quatre-vingts pages vite lu le temps d'un voyage en train, mais voilà, il faut remplir.. On a donc droit à des pages répétitives où les personnages pensent beaucoup à ce qu'ils ont fait, vont faire ou pourraient faire, à des rappels incessants aux précédents romans consacrés à Verhoeven, plus quelques notations parfois bien vues, comme le prouve l'extrait, mais qui ne font pas un roman. Le tout dans un style qui commence heurté, bousculé, comme si l'auteur ne s'était pas relu, pour continuer blanc, lisse, sans descriptions, sans atmosphère, sans générer la moindre émotion.
On finit le tout sans la hargne que donnent les romans outrageusement mauvais, mais en se demandant pourquoi on l'a lu. Bref, il va en falloir du marketing, des "coups de cœur" des libraires, des télévisions et des prix dits "littéraires" pour que ce Sacrifices se vende. En attendant, on a plutôt envie de relire des romans de Thierry Crifo, de Marie Neuser, de Jérôme Camut & Nathalie Hug et tous ceux qui tentent de faire bouger les lignes dans l'indifférence méprisante de la clique de bon ton précitée...
Citation
La question que Camille se pose parfois sur lui-même est encore plus justifiée pour son adjoint : qu'est-ce que ce type fait dans la police ? Il est né riche au-delà du raisonnable et, pour faire bonne mesure, doté d'une intelligence qui lui a ouvert les portes des meilleures écoles que peut fréquenter un dilettante. Après quoi, il est entré dans la police pour un salaire d'instituteur. Au fond, Louis est un romantique.