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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pascal Loubet
Paris : Calmann-Lévy, octobre 2012
390 p. ; illustrations en noir & blanc ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4377-3
Codex Apocalypse Now
12.21, de Dustin Thomason est-il un thriller millénariste de plus ? On a déjà eu bien des mauvais romans du genre comme La Prophétie de cristal, de Manda Scott, basés sur cette prophétie maya qui, une fois rhabillée aux couleurs d'un Occident adorant se faire peur, promet mille morts. Des fins du monde, il y en a déjà eu à la pelle, des prédictions catastrophiques aussi, mais cette fois, c'est juré craché, en 2012, c'est bel et bien le cas. On présume que les auteurs entérinant cette promesse n'ont guère pris soin de leurs droits, puisque bientôt, on ne sera plus que poussière... Mais ici, malgré un titre ronflant, Dustin Thomason prend plus la théorie de la fin d'un cycle à travers un roman d'aventures plus futé qu'il en a l'air. L'intrigue est plus subtile qu'il n'y parait : une mystérieuse maladie à base de prions, vaguement semblable à la Kreuzfeld-Jacobs (ou maladie de la vache folle) se déclenche à Los Angeles. Le premier atteint semble être un trafiquant d'antiquités ayant ramené de Colombie un codex d'une valeur incalculable, mais qui pourrait détenir la clé de la contamination... Utilisant deux points de vue qui se rejoignent, contrairement à ce que donne à penser une quatrième de couverture racoleuse, l'auteur ne cherche pas à faire du thriller industriel tapageur : pas de méchants flamboyants, d'effets de manche ou de courses-poursuites, juste une histoire crédible qui se déroule avec une logique implacable — y compris dans la façon plutôt maligne dont le codex entre dans l'histoire — sans ces abominables illogismes ou trous de scénario ponctuant les thrillers industriels usinés à la va-vite. L'ensemble est documenté, mêlant un aspect médical à l'archéologie, les personnages ont juste assez de personnalité pour convaincre et surtout, l'auteur évite les temps morts et les développements inutiles (pour ne pas dire le tirage à la ligne), si bien que ces trois cent quatre-vingts pages passent toutes seules. Cela dit, on n'est loin du livre de l'année, il s'agit juste d'un roman d'aventure scientifique distrayant, bien torché et bien écrit (et excellemment traduit), qui confirme l'adage Shadock : mieux vaut exercer son intelligence sur des conneries que sa connerie sur les choses intelligentes.
Citation
Un siècle plus tôt, des kilomètres de canaux serpentaient entre les rues de Venice, creusés par le magnat du tabac Abbot Kinney pour rappeler la célèbre ville italienne. À présent, les canaux où des gondoliers promenaient autrefois les habitants étaient comblés et bordés de salles de sport dopées aux stéroïdes, de stands graillonneux et de boutiques de T-shirt branchés.