Piège de miel

Debout face au jeune garçon blême qui se tassait sur sa chaise, la géante le toisait à présent depuis ses altitudes, poings sur les hanches, et il s'attendait à ce qu'elle devienne toute verte, qu'elle se décuple encore et que ses membres déchirent ses vêtements.
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jeudi 21 novembre

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Bande dessinée - Noir

Piège de miel

Politique - Anthropomorphisme - Complot MAJ samedi 17 novembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 10,95 €

Sokal (scénario & dessin)
Avec la collaboration de Pascal Regnauld
Paris : Casterman, novembre 2012
48 p. ; illustrations en couleur ; 31 x 23 cm
ISBN 978-2-203-04903-1
Une enquête de l'inspecteur Canardo, 21

Ce qu'il faut savoir sur la série

Canardo est un canard privé en trench coat. Il erre dans la vie, désabusé, et hante les bistrots où bien souvent il croise son ami, le commissaire lapin Garenni.

De la tenue, Canardo

"On vous a connu plus regardant avec la morale", regrette Betty sur le pas de porte d'un manoir d'une vieille famille aristocratique belge désargentée et enneigé à l'encontre de Canardo. Il faut dire que dans cette vingt et unième enquête - d'ailleurs péripétie serait plus juste -, le canard à l'œil sombre sombre. Absence totale de morale, et absence totale d'enquête. Le détective n'a qu'une seule mission. Elle est claire et nette : piéger Burt Boverpick, Ministre de la Culture du Belgambourg en lui mettant dans les pattes une pute de luxe, et en l'attirant dans une chambre d'hôtel où tout un attirail de caméras en d'enregistrements divers et variés est installé. On imagine sans peine la suite.

Mais Benoît Sokal aime raconter et dessiner des histoires avec beaucoup de détours. L'arrivée de la neige modifie les plans. Et les quatre personnages de cette histoire - en comptant le chauffeur - se retrouvent dans un vieux manoir délabré à manger des biscottes et à boire du vin. Comme d'habitude, les personnages sont hauts en couleur et, là, particulièrement lubriques. Le comte est un cerf qui bande comme un cerf, la fille est une biche qui joue de ses yeux de biche et de sa poitrine aguicheuse, le fils surnommé Gode (pour Godefroid) n'en manque pas une par le trou des serrures, et la cuisinière bonne à tout faire est une cochonne que tout le monde trousse - du comte à son fils en passant par le jardinier et, maintenant, le chauffeur du ministre. Les couloirs du manoir résonnent des râles de plaisir comme si l'on se trouvait en plein lupanar zoophile. D'autant que le ministre est insatiable...

Canardo et une alliée de l'intérieur ont enfin réussi à mettre une caméra dans la chambre, et c'est à partir de cet instant que cette bande dessinée, qui était jusqu'alors que sombre histoire de crapules crapuleuses, va virer au noir et s'accaparer et se jouer de l'actualité. Victime de cette machination : Betty. Elle a le culot de tomber amoureuse du ministre or celui-ci la lâchera sans coup (déjà tiré) férir dès que la neige aura disparu et que les routes seront praticables. À enfin vouloir chercher un prince charmant, elle ne trouvera que la mort.

Dans le même temps, la révélation est foudroyante. Ce ministre cochon comme pas deux, lubrique à toute heure, qui trouve refuge en Belgique, et qui sort d'une salle de bains avec juste une serviette devant celle qui vient pour faire sa chambre, c'est quand même censé évoquer un personnage politique français ("Excusez la tenue, je sors de la douche", pourrait-il dire). Et le grand génie de Sokal c'est justement de ne pas en faire une pale copie transposée dans un monde animalier, non, c'est d'amener sa théorie complotiste en y incorporant ces grains de sable humains qui lui donnent une saveur toute particulière. Et en même temps que l'on découvre un peu plus de la machination ourdie (et jusqu'à quel point certains sont prêts à s'y fourvoyer), on retrouve, heureux, notre Canardo qui part, solitaire, le soleil dans le dos, totalement dépressif et aviné.

Citation

C'est la coutume par chez nous, colonel. Dans l'espionnage belgambourgeois, on parle codé... Des fois qu'on serait espionnés par les Belges, vous comprenez ?

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 10 novembre 2012
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