Contenu
La Princesse du sang
Grand format
Réédition
Public connaisseur
Marcinelle : Dupuis, novembre 2011
160 p. ; illustrations en couleur ;
Coll. "Aire libre"
Noir écarlate
Adaptation d'un roman inachevé de Jean-Patrick Manchette, ce double album parfaitement dessiné par Max Cabanes est un foisonnement de genres et d'idées. À la fois thriller, roman d'aventure et d'espionnage, la bande dessinée brasse les événements mondiaux allant de la Seconde Guerre mondiale à la révolution cubaine en passant par la guerre froide et la crise hongroise. Pourtant, l'intrigue est simple car le scénario proposé par Doug Headline (qui n'est autre que le fils de Jean-Patrick Manchette), qui conserve l'esprit, est minimaliste à souhait. Et les événements nous sont proposés froidement. De quoi est-il question dans ce diptyque ? De la rencontre programmée entre une femme enfant et une enfant femme au fin fond de la jungle cubaine en 1956. La première, Ivory Pearl est une orpheline de la Seconde Guerre mondiale qui a su charmer le lieutenant Robert Messenger, qui est devenue grand photographe reporter. La seconde, Alba "Negra" Black, nièce d'un magnat trafiquant d'arme, a été l'objet d'un simulacre d'enlèvement qui n'avait pour d'autre but que son assassinat fomenté par son propre oncle. C'est la Princesse du sang.
Cent soixante pages qui déclinent l'Histoire avec ses complots et ses ramifications. Avec surtout des personnages ni blancs ni noirs. Évidemment, des puissances ont intérêt à remettre Alba entre les mains de son oncle, mais d'autres - à commencer par l'oncle lui-même -, ne le souhaitent pas, et ne désirent que sa mort. Aussi de nombreux tueurs se donnent-ils rendez-vous sans bien savoir les uns les autres quelle sera la difficulté qui les attend. C'est ainsi que la jungle cubaine est l'objet d'une vaste course-poursuite à plusieurs niveaux avec des individus dont la loyauté est mise à rude épreuve. Max Cabanes et Doug Headline nous font suivre une péripétie parmi tant d'autres de Ivory Pearl avec beaucoup d'action où s'intercalent des scènes intimistes. Ivory Pearl a vraiment un joli physique, et l'on sent qu'elle a beaucoup inspiré Max Cabanes. Son côté garce mal éduquée indépendante et intègre en fait un personnage rare voué à se faire abuser. Et dans ce diptyque, beaucoup sont là à tirer les ficelles d'une pantomime géo-politique. Il y a du rythme, beaucoup d'actions, du sang qui vole dans tous les sens, des manigances dévoilées, un message politique plus qu'apparent, des personnages emblématiques qui sillonnent un scénario à la fois enlevé et maîtrisé. Le pire c'est qu'aujourd'hui encore l'histoire nous parait plausible, et prompte à se répéter de nos jours.
NdR - Réunit La Princesse du sang première (80 p.) et deuxième partie (80 p.). Un livret (16 p.).
Illustration intérieure
La chasse à la Princesse du sang est lancée. Avec quelques premiers écueils.
On en parle : Le Magazine littéraire - Hors-série n°17
Citation
Un matin d'été, Ivy s'ondoya sous une outre, se brossa les dents. La moitié de la planète terre était dans l'ombre de la nuit. Des passeurs du FLN franchissaient la frontière entre la Tunisie et l'Algérie avec des armes. Lajos dormait profondément dans sa chambre personnelle. Le jeune trompettiste Clifford Brown était mort en automobile avec son pianiste Richie Powell dans la nuit du 26 au 27 juin.