Contenu
Une petite ville sans histoire
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Martinache
Paris : Points, septembre 2012
612 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-2915-8
Coll. "Thriller", 2880
Fossé de générations
David Lynch nous a montré depuis ses premiers films à quel point les pulsions et les violences peuvent se cacher derrière les façades les plus lisses. C'est dans le même état d'esprit que se trouve Greg Iles. Natchez, la ville où l'auteur vit, est en totale perdition. Ancienne cité industrielle, elle perd sa vitalité et les jeunes générations la quittent pour des cieux plus cléments, à l'instar de Caitlin, la belle et talentueuse journaliste qui malgré l'amour de Penn Cage cherche ses sujets dans la plus proche métropole. Symbolique de ce départ, le lycée privé se prépare à voir partir ses étudiants diplômés pour les grandes facultés. Parmi ces étudiants, la belle Kate Townsend. Mais alors que tout ne devrait être que réjouissances, on découvre Kate morte et violée. La consternation s'empare de la ville. Une consternation très lynchienne puisque peu à peu on découvre que la belle étudiante, se droguait, avait des amants variés et surtout filait le parfait amour adultérin avec un médecin en vue.
Même si l'intrigue est vue par Penn Cage, écrivain et surtout ancien procureur, le roman n'est pas une suite de comptes rendus de procès et de magouilles juridiques - car Penn Cage est en plus l'ami de Drew, médecin amant, soupçonné du meurtre et il va devoir se charger de la défense. Une petite ville sans histoire oscille entre deux pôles. D'une part, une intrigue à suspense pour essayer de découvrir le vrai coupable, alors que le contexte du meurtre lance une guerre des gangs pour le contrôle de la drogue et, d'autre part, un regard acéré sur les différences de générations. Penn Cage et son ami Drew ne comprennent plus la jeunesse (beaucoup moins prude que la leur), et Greg Iles établit un parallèle entre la relation de Kate Townsend et du médecin, et celle que Penn Cage pourrait construire avec la baby sitter de sa fille. Le tout s'inscrit dans des rivalités politiques locales et dans la crise qui frappe les petits villes industrielles du Sud des États-Unis.
Ces deux aspects, sans grande envolée stylistique, aident à bâtir une histoire menée tambour battant, où l'auteur se concentre principalement sur l'avancée de son intrigue, en n'oubliant pas cependant de rendre crédibles et vivants ces personnages, et aboutit donc à un honnête ouvrage écrit par un non moins honnête artisan de la chose littéraire.
On en parle : La Tête en noir n°159
Citation
La peur nous retient plus souvent que la sagesse, comme dans la majorité des choses. Mais quelques-uns sautent le pas. Et commencent à descendre une route qu'il est difficile et parfois impossible de remonter.