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Cherche jeunes filles à croquer
Grand format
Inédit
Tout public
392 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3834-3
Coll. "Grands formats"
Maigrir sans s'aigrir
Il y a un côté trouble dans la folie, une sorte de penchant noir qui attire et repousse en même temps. Parmi les phobies de notre temps, l'anorexie reste un tabou, une face sombre, une dépression que la littérature n'a pas creusée. C'est au cœur de ce mystère de la psyché que le commandant Lanester doit plonger. Tout est difficile dans sa mission : pas de corps de victimes, des adjoints qui oscillent entre l'incompétence et le burn-out, l'obligation d'aller enquêter loin de chez lui et donc de laisser en jachère ses amours, ses rendez-vous chez son psy et son frère qui souffre lui aussi d'un handicap mental. C'est aussi sans compter sur son enquête qui se heurte aux non-dits des familles qui ne veulent pas évoquer les problèmes de leurs membres hospitalisés et sur le chevauchement des compétences qui oblige son équipe à travailler avec des gendarmes locaux peu au fait des subtilités psychologiques.
Françoise Guérin, dans son roman Cherche jeunes filles à croquer, ouvre les portes d'une clinique spécialisée dans l'anorexie qui a vu disparaître une de ses malades. Forcément inquiet, son père demande l'aide la police. En enquêtant, Lanester découvre que de nombreux cas peuvent se rapprocher de cette disparition. Mais en creusant, différentes pistes s'ouvrent, et de nouveaux cas apparaissent. Un peu comme un médecin, lorsqu'il fouille dans la passé des patients pour comprendre l'anorexie, qui relève de nombreuses causes possibles. L'air de rien, cela permet à Françoise Guérin de faire passer une multitude d'informations sur la maladie, ses causes, les façons de soigner, les dénis des familles et parfois des malades eux-mêmes. Sans donner une réponse précise, Cherche jeunes filles à croquer cerne les problèmes, évoque les soins de manière sensible.
Si le regard extérieur peut rester horrifié (l'un des cadavres retrouvés sera décrit dans la somme des troubles physiques morbides causés par l'anorexie), il peut aussi y trouver une fascination, et c'est cette fascination mortifère qui est à l'œuvre dans le texte, la folie des uns se nourrissant de la folie des autres et l'entretenant pour sa propre satisfaction. Françoise Guérin en centrant son intrigue sur un policier en proie aux doutes, aux difficultés de tout ordre, le met en bute à travers son enquête, à ses propres problèmes, sans sombrer dans le pathos de certains romans noirs, mais selon une pente naturelle. Le texte est servi par un style qui sait éclairer une scène pour la rendre vivante puis troubler notre regard pour nous faire partager le côté labyrinthique, obsessionnel de certains et nous rendre complice. C'est ainsi que nous avons nous aussi eu les satisfactions morbides d'un lecteur à regarder l'horreur et la folie des personnages.
Nominations :
Prix Interpol'Art "Roman" 2013
Citation
Alicia en veut au monde entier de son impuissance, un sentiment qu'elle attribue volontiers à sa sœur. Alors quand elle fait un site internet, elle peut, sciemment, y introduire des liens susceptibles de mettre en danger les internautes qui s'y aventurent.