Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit du par Anath Riveline
Paris : J'ai lu, septembre 2012
924 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-290-05442-0
Coll. "Thriller", 9946
Politique et faits divers
Au départ, The Killing est une "petite" série télévisée danoise imaginée par Soren Sveistrup très remarquée. Comme telle, elle a le droit à son remake américain. Enfin, il faut ajouter l'envie anglaise d'offrir une version écrite de la série originale. En attendant une adaptation en bande dessinée ? Mais voilà de nombreux détours pour arriver au roman que nous avons entre les mains. À ces détours répondent les détours du texte. Conçu pour rebondir d'épisode en épisode, la série accumule les coups de théâtre qui déplacent l'intrigue d'un suspect à l'autre, qui reviennent en arrière, qui obligent les policiers à reprendre de nouvelles pistes. Le roman joue la même corde avec habileté en concentrant son attention sur les personnages au cœur de l'histoire.
Une jeune fille a été violée et assassinée. Trois groupes vont se trouver au centre des événements pour résoudre le cas. La famille de la morte est perturbée par cette mort violente qui remet en cause la solidité du couple, les relations avec l'adjoint et le meilleur ami du père. Le principal suspect est l'un des candidats à la mairie de la ville et l'occasion est belle pour ses adversaires d'en profiter pour l'enfoncer davantage. Comme si l'on passait des marécages où est découvert le cadavre aux marigots encore plus nauséeux de la politique. Les policiers ne sont pas en reste. Sarah Lund, prise dans l'étau de son métier et de son amour, jusqu'au boutiste de l'enquête, et son adjoint Meyer, qui aimerait résoudre les choses pour prouver qu'il est compétent. Au-dessus d'eux leurs supérieurs qui sont inféodés aux différents partis politiques et qui veulent aiguiller l'enquête sur le candidat.
Le lecteur est pris au piège du jeu des intrigues. Chacun cache des informations dont le dévoilement successif décale l'enquête vers un autre suspect puis revient sur un suspect précédent. De ce mouvement circulaire nait une tension forte. Cette rapidité d'exécution et l'efficacité descriptive de David Hewson permet ainsi avec une économie de personnages et de lieux de tenir en haleine sur une longue durée (plus de neuf cents pages !), y compris pour ceux qui auraient suivi la série dans une version ou l'autre, le roman n'en étant pas une pale copie. Roman policier noir jusqu'au bout puisqu'aux tragédies vécues s'ajoute au final une série de résolutions où si tous retrouvent le calme, tous ont perdu ou presque. Sarah est seule, le couple s'aime mais a perdu sa fille, l'homme politique est élu mais a dû abandonner en route ses principes...
Citation
Sarah Lund fixa l'instantané granuleux qui perdait ses couleurs avec l'âge. Trois visages, deux morts, le troisième enfermé dans sa propre culpabilité inavouée.