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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Jean-Charles Provost
Paris : Presses de la Cité, octobre 2012
408 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-258-10024-4
Torchons et Soviets
L'on se demande parfois s'il ne faudrait pas rappeler aux auteurs que la Guerre froide est finie, que Kroutchev n'est plus au pouvoir et qu'on ne regarde plus chaque soir sous son lit pour voir si un Bolchévique n'y est pas caché... I faut bien le dire, une page de l'histoire a été tournée mais ça n'empêche pas certains auteurs de mouliner la même soupe, à base de tueurs froids buveurs de vodka tirés d'un James Bond, de secrets à protéger et d'un MacGuffin pour lequel on s'entretue. La guerre est devenue économique, mais somme toutes, les tropes ne sont guère réactualisés. Parmi les usineurs de thrillers industriels, Raymond Khoury a toujours eu quelques neurones de plus que ses petits camarades, et ses meilleures pages sont justement sur ce basculement qui fait que bien après la Perestroïka, Russie et USA continuent de se sourire tout en se glissant des peaux de banane sous les pieds. Sinon, on a la nette impression que son éditeur lui a dit de copier sur le voisin : chapitres courts, action constante, basculement entre première et troisième personne, narrateur teigneux (Sean Reilly, rescapé de L'Élixir du diable), on voit que le syndrome James Patterson a encore frappé... Le thème est des plus traditionnels : il faut protéger un savant russe détenteur d'un secret crucial lié à un ancien massacre de l'ère soviétique, le tout débouchant sur l'un de ces complots diaboliquesTM à fin d'assassinats. Difficile certes de s'ennuyer dans ce gros bouquin où fusillades, 4 x 4 noirs aux vitres fumées (oui, comme au cinéma) et coups de main se succèdent à un rythme effréné. Raymond Khoury étonne en faisant de ses personnages autre chose que des pantins s'agitant selon les desiderata de l'intrigue, le couple formé par Solokov, enjeu de la traque, et sa Lapochka dont il est sincèrement amoureux est même assez touchant (un terme qu'on n'emploie que rarement pour ce genre de roman...). Si l'ensemble ne manque pas de souffle et reste d'un style précis et sec (et excellemment traduit), il manque ces envolées qui marquaient les premiers romans de l'auteur, lorsqu'on sentait qu'il abordait les passages qui l'intéressaient vraiment. Là, c'est plutôt du travail d'ouvrier spécialisé du livre dit d'aéroport. Un excellent O.S., mais un O.S. tout de même...
Citation
Un espion russe infiltré est presque à coup sûr, de nos jours, quelqu'un qui est diplômé de l'université de New York, a escaladé les échelons en interne a une liaison avec une personne qui occupe un poste important dans un domaine stratégique — finance, industrie, politique, médias notamment — et finira par travailler au sommet dans une institution sensible.