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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par Louise Adenis
Paris : Marabout, septembre 2012
442 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-501-07647-0
Nid nazi en Espagne
Commençons par l'intrigue : les Christensen, couple norvégien anciens nazis, se cachent dans une petite ville espagnole où ils coulent des jours paisibles en attendant la mort. C'est alors qu'ils sont repérés par un survivant du camp de Mathausen, membre d'un groupe qui les pourchasse depuis des années, venu s'installer dans la région. Avant de mourir, l'homme contacte son meilleur ami, compagnon de chasse, Julian. Ce dernier arrive sur place et se lie d'amitié avec Sandra, une jeune femme, sans savoir qu'elle vient d'être embauchée par les Christensen. Finalement, la jeune femme accepte de l'aider pour démasquer le couple. Julian découvre alors qu'il est tombé sur un nid de nazis.
Voici donc les prémices d'un thriller, mais alors que l'on pouvait espérer une suite d'aventures, de traîtrises, de chausse-trappes, Clara Sánchez, son auteur, a choisi d'ancrer son histoire dans l'intimité des deux personnages, de créer une tension plus vintage, dans la tradition de ce que l'on peut attendre d'un film d'Alfred Hitchcock ou de Henri-Georges Clouzot, dans le lente description des montées d'angoisse, des petits pièges qui se referment comme par exemple lorsque l'héroïne est envoyée chercher un paquet, dans le seul but de savoir si elle va l'ouvrir pendant le trajet de son retour. L'un des protagonistes est un vieillard, qui passe beaucoup de temps à chercher ses pilules cardiaques, et l'autre une jeune femme enceinte, sans compagnon. Nous tenons entre nos mains un thriller intimiste qui procède par alternance, mais dans le même temps de nombreux événements sont rapportés deux fois ce qui ralentit encore plus le rythme syncopé habituel. Ce gros plan sur les personnages pourrait accroître les effets de suspense et de peur, mais il sert plus à engluer l'intrigue distillée avec un style passe-partout qui rend le roman efficace mais sans grandes aspérités. Cela n'empêche pas quelques fulgurances. La rencontre d'un des chefs nazis et du chasseur, les maigres souvenirs sur les camps de concentration, la description angoissante car ennuyeuse des vieux nazis, l'ancienne égérie du mouvement qui apprend le tricot et fait ses courses au supermarché sont autant d'éléments qui viennent perturber un texte qui serait sans ces passages formaté.
Se servant d'un cœur assez policier à suspense, louchant beaucoup du côté de la littérature générale (qui lui a d'ailleurs décerné le fameux Prix Nadal 2010 en Espagne), Ce que cache ton nom séduira par son aspect canaille les amateurs de romans traditionnels, sans pour autant être la véritable découverte d'une future plume du genre noir.
Citation
Je décidai d'aller à l'hôpital, aux urgences. Je connaissais le symptômes, grande faiblesse, sueur froide, et je ne voulais pas créer plus de problème à l'hôtel, je ne souhaitais pas qu'ils me considèrent comme le pire client de leurs annales.