CorsiKa

Chaque crime avait son écosystème, intervenait dans une communauté d'individus aux prises avec leur environnement. C'était généralement l'erreur de l'assassin, il croyait qu'en tuant une personne il supprimait juste une existence et qu'il lui suffisait d'effacer les traces de son acte pour que la vie autour reprenne. C'était particulièrement débile, parce que son crime remettait nécessairement en cause tout un dense réseau de dépendances, d'échanges, d'informations et que, tôt ou tard, celles-ci réapparaitraient pour peu que l'on dresse avec précision la carte de cet écosystème. C'est pourquoi rien, même le plus petit élément, ne devait être laissé de côté.
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Roman - Thriller

CorsiKa

Géopolitique - Tueur à gages MAJ mercredi 15 avril 2009

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Nicolas Michel
Paris : Buchet Chastel, octobre 2008
280 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-283-02327-3
Coll. "Romans policiers"
Étienne Gouirand

Ce qu'il faut savoir sur la série

Commissaire officiant à Marseille, d’origine corse. Passionné de pêche à la mouche, c’est dire s’il est proche de la retraite cet homme pas si tranquille, qui ne cesse de scruter en lui les stigmates du vieillissement. C’est quoi vieillir quand on ne se sent pas vieux ? Une grande lassitude s’est installée en lui. Il se sent pris au piège de sa carrière, de Marseille qui le connaît trop bien, des voisins, des liens qu’il a tissés, de ses souvenirs. Autour de lui, ses amis les plus proches entrent dans l’âge du mourir. Ou meurent brutalement, comme Sergio dans CorsiKa. L’Afrique le libère d’un coup des servitudes de la vie, en lui collant non pas une seconde jeunesse sur la peau, mais l’opportunité de possibilités inédites quand tout se refermait petit à petit sur lui. Il s’offre même une aventure amoureuse, sans y croire, ni cesser d’aimer sa femme, assumant mieux, elle, de vieillir. Comment avancer en âge ? La question ne cesse de hanter Étienne. D’autant qu’elle produit des effets collatéraux pas négligeables : il croit de moins en moins aux vertus de la légalité. Rendre soi-même justice ? Il n’en a plus la force, mais quand un bras s’offre d’armer cette dispense de fortune, il la laisse exécuter ses œuvres sommaires. Le temps l’a trop éloigné de ses amis d’enfance (Sergio) et des idéaux qui les motivaient. Étienne, dans la seconde de ses aventures (CorsiKa), ne prendra toujours pas sa retraite et l’on ne sait comment il poursuivra, s’il le peut seulement, ni où il puisera la force de poursuivre, loin de tout projet de carrière, une vocation si éreintante.

Plongeon corse dans le marigot françafricain.

Propriano. Sergio, journaliste, est abattu. Étienne, corse, flic à Marseille, ami de Sergio, est envoyé sur place pour enquêter. Las, il se heurte vite à de sérieux obstacles. Qui en voulait à Sergio ? Les indépendantistes ? La piste n'y mène pas, mais croise plutôt celle du bourbier françafricain. Zanzibar, les Enfants des Grands Lacs, des ONG paravents. Étienne accepte d'enquêter officieusement en Afrique. Marseille–Kampala. Il tombe sur un Corse sulfureux : "l'i". Jacques Scarbonchi. Chien de guerre trempant dans tous les sales trafics de cette Françafrique détestable. Scarbonchi a créé CorsiKa Ltd, qui vend du bois précieux, des armes, des machines à sous et des médicaments de contrebande. Peu armé pour ce genre de mafia, Étienne finira par laisser, de force plutôt que de gré, une femme l'abattre. Une exécution presque dérisoire : un autre Scarbonchi est déjà en place, le gouvernement français s'y affaire... Superbe premier chapitre, tout en montée au sacrifice. Course folle dans la poussière suffocante, Amin Dada en mémoire. Remarquable convocation également de l'histoire corse, tourmentée, depuis la naissance du FLNC jusqu'à l'assassinat du préfet Erignac, des règlements de comptes aux luttes d'influence et autres dérives mafieuses de certaines branches du mouvement indépendantiste. Le tout mené comme un thriller circonspect, fouillant l'histoire et non s'y soumettant, dans une prose parfaitement travaillée, ici pulvérisée et rugueuse, là volontiers lyrique et luxurieuse.

Citation

Je suis sûr que tu as un peu de sang corse, quelque part. C'est difficile à soigner.

Rédacteur: Joël Jégouzo dimanche 05 avril 2009
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