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Les Chiens du désert
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Loubat-Delranc
Paris : Calmann-Lévy, novembre 2012
362 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4419-0
Coll. "Robert Pépin présente"
La fine ligne de la loi
En France, nous avons eu Eugène-François Vidocq pour nous expliquer que le meilleur policier se trouve chez l'ancien truand. Après tout, à force de se chasser ou de se cacher, la psychologie des uns est assimilée par les autres, et réciproquement. Aux États-Unis, la version vidocquienne se transforme quelque peu car les rôles entre policiers et gangsters sont interchangeables. Dans le premier volet des aventures de Charlie Hood, ce shérif irréprochable rencontrait une jeune femme qui naviguait entre les deux pôles du Bien et du Mal. Dans Les Chiens du désert, alors qu'il se trouve en patrouille, Terry Laws, son nouveau coéquipier, réputé pour son sens de la justice, est sauvagement abattu par un tueur qui disparaît. Charlie Hood enquête avant tout car il pense que ce crime peut mettre au jour les parts d'ombre de Draper, celui qui habituellement faisait équipe avec Laws. Voici un roman très étrange car sa construction même qui alterne l'enquête sur le passé lointain des policiers et celle plus récente sur ce qui a conduit au meurtre est complexe. Charlie Hood est une force du Bien à l'état brut, un être monolithique, et du coup sa silhouette pâtit devant les scènes où interviennent les autres personnages. T. Jefferson Parker parvient à créer ses personnages en gommant les critères moraux, en les montrant de manière identique dans leurs aspects policiers et criminels. Jamais la frontière entre les deux états n'est montrée avec un tel flou : Charlie Hood est obligé d'intervenir illégalement pour obtenir des preuves d'irrégularité alors même que des policiers véreux traversent en montrant leurs plaques des frontières réelles avec l'argent du trafic de la drogue. Ce brouillage des genres, que l'on retrouve dans les rôles secondaires, offre un contraste saisissant avec le réalisme des décors et des situations. Les Chiens du désert montre-là l'exemple d'un romancier sûr de son métier, s'appuyant sur une intrigue bien construite et parvenant à déjouer l'accusation de série sans âme par son travail intéressant sur le parcours des acteurs de son livre.
Citation
Il cala la crosse de son .45 sur le coin d'un rocher et attendit que quelqu'un entre dans sa ligne de mire.