Règlements de contes

Pour la première fois, j'ai lu dans ses yeux autre chose que de l'apathie. Pour la première fois, j'y ai perçu cette ivresse glacée que je connaissais bien. J'avais tué pour elle. Elle venait de tuer pour moi.
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Roman - Noir

Règlements de contes

Politique - Finance MAJ lundi 24 décembre 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14 €

Jérémy Bouquin
Orléans : Pavillon noir, octobre 2012
318 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-917843-19-2

Fée d'hiver

Malgré les initiales identiques de leurs noms, deux univers opposent Grenier et Gambert. Le premier est un vieux des services de renseignement plus habitué des coups fourrés de la République, le second un jeune policier qui croit dans les vertus républicaines. Leur chemin se croise à Orléans. La ville a consacré Jeanne d'Arc "Pucelle" en des temps guerriers avant qu'elle ne soit vendue par Jean de Luxembourg contre dix mille livres aux Anglais puis brûlée en la ville de Rouen, mais depuis c'est un peu plus calme. Jeanne d'Arc, autrefois héroïne intransigeante, est devenue le nom du groupe financier que dirige un vieux banquier libidineux libidineux, qui se retrouve coincé au milieu de ses activités sexuelles par un groupe d'anarchistes qui le filment et diffusent la petite sauterie sur le Internet. Dans l'échauffourée, le garde du corps du banquier a été descendu. L'affaire est donc plus que grave. Gambert doit enquêter sur ce groupe financier alors que Grenier est chargé d'éliminer la menace terroriste qui va continuer à faire parler d'elle.

Le roman de Jérémy Bouquin joue en alternance sur les deux enquêtes qui mènent au même point final mais avec des modes d'action qui n'ont pas la même valeur éthique. L'une des astuces est de ne pas mettre en lumière le groupe terroriste, ce qui évite la phraséologie politique ou de créer un manichéisme violent. Ce dernier point est même évité car, face à son supérieur qui manifeste violemment sa haine des "rouges", peu à peu Grenier se pose des questions. L'un des leaders de la mouvance libertaire est décrit au travers de quelques scènes comme une sorte de Pedro poulpesque machiavélique (Pedro, l'anarchiste espagnol qui fournit en armes Gabriel Lecouvreur, l'ange libertaire de la série du "Poulpe"), ce qui recadre aussi le propos. À l'inverse, un journaliste transforme le temps de quelques pages le sordide en vaudeville avec sa façon de résister à une perquisition qui tend à découvrir ses "sources".

Au centre de ce Règlement de contes, le point de bascule pour Grenier sera une sorte de "remake" de la mort de Pierre Goldman (frère du chanteur Jean-Jacques, intellectuel de gauche qui a viré dans le banditisme et qui a été assassiné par un mystérieux groupe d'extrême droite, Honneur de la police, à Paris) décrit de manière prenante et forte. Cet ancrage réaliste renforce l'intrigue, et la lutte entre légalité, coups tordus et techniques de guérilla des terroristes apparaît comme une mise en lumière de faits divers qui éclatent, sans que l'on en comprenne plus, régulièrement dans les médias, et contribue à donner à cet honnête roman noir ce qui fait l'essence du genre : détective esseulé en fin de course, mise en lumière d'affaires obscures et ragoutantes, personnages du même acabit le tout dans un univers caustique.

Citation

Les trois petits cochons braquaient leurs flingues en direction du patron d'une des banques les plus prestigieuses de la place d'Orléans.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 24 décembre 2012
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