Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Claro
Vauvert : Au diable vauvert, août 2012
286 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-84626-425-9
Libations libanaises
Le Liban est un pays étrange. Dans le roman de Viken Berberian, alors qu'il existe une guerre larvée, qu'une suite d'attentats terroristes menace la vie et détruit les habitants d'un village, la seule chose qui semble importante, c'est une course cycliste. Mais pas n'importe laquelle ! Cette course démarre dans les montagnes pour s'achever sur la côte, à l'inverse d'une course classique. Enfin, le narrateur qui a passé sa vie à s'entrainer pour gagner doit perdre cette course. Le Cycliste va dévider ces événements illogiques dans un chaos encore plus illogique car le narrateur est en fait un terroriste chargé de poser une bombe dans un grand hôtel. Suite à un accident de vélo, il rumine dans un hôpital - à moins que ce ne soit une inversion du roman et la résultante de l'explosion d'une bombe, mais peut-être pas la sienne... Il est même entré à l'Académie, où l'on enseigne plus la violence que les humanités.
Le roman évoque sans arrêt la mort et la désolation mais se complait dans la description de repas, de nourritures bien terrestres, dans les tentatives de réveiller une sexualité quelque peu défaillantes, dans l'amour d'une maternité à venir. En dressant le portrait d'un narrateur épicurien, entrant dans une vie normale, déchiré par la destruction aveugle de son village par une autre faction terroriste, Viken Berberian offre un portrait éclaté, montrant jusqu'à l'absurde - sans dévoiler le final, il y a deux rebondissements assez kafkaïens. Il y a un siècle dans Un nommé Jeudi, Gilbert Keith Chesterton montrait une société secrète anarchiste qui se composait exclusivement d'agents doubles policiers infiltrés pour montrer l'idiotie du système, Le Cycliste nous en offre une version moderne, joyeuse et éclatée, plus proche de la littérature générale d'Albert Cossery que d'un véritable polar.
Citation
La route qui mène au terrorisme commence en général par une pincée d'aliénation : un peu d'ennui.