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Tout public
Page-turner atomique
Gataca. Un drame dont on ne revient pas. Mais dont s'extraient péniblement le lieutenant Henebelle et le commissaire Sharko, tirés de leur cauchemar par une affaire pas moins pétrifiante : le meurtre d'un journaliste, retrouvé dans son congélateur, et la disparition de son amie, qui enquêtait sur les sites les plus pollués de la planète. Seul indice : le mot "Agonia" gravé dans la glace et plus tard un gamin errant, dans la poche duquel on trouve le numéro de téléphone de la compagne du journaliste. Des enfants, il en sera beaucoup question hélas, car poursuivis, harcelés, dépecés, ouverts par la fureur du fantasme d'éternité aux sourdes envies de leur survivre, tandis que Sharko réalise qu'une ombre l'étreint déjà, enlace sa femme d'un bras mauvais pour l'emporter voyager chez les morts. L'affaire conduit l'un dans l'enfer des ignorants jetés jadis à l'abattoir à l'époque de la catastrophe de Tchernobyl, l'autre aux portes de ses propres chimères, et l'un et l'autre à lutter contre ce que l'on ne voit pas, tapi dans les restes d'une nature affolante, qu'elle soit humaine ou de forêts irradiées : Tchernobyl (surnommée affectueusement Atomka), où rôde la mort insidieuse. Comment est-il possible de mourir encore ? Comment y échapper ? Les enfants sont-ils le recours à notre mort probable ? Et revenir d'entre les morts, le peut-on ? Arrachés aux ténèbres des effrois et de la glace, les corps peuvent-ils ressusciter ? La mort avance, impénétrable, organisant bientôt la matière du roman, le poussant à faire face à ce qui n'a pas de face, dans cette atmosphère lourde, rugueuse, brutale et puis nerveuse d'une écriture à l'américaine battant sans cesse les cartes, découplant les péripéties, page-turner aux recettes éprouvées servi ici par une interprétation étonnante, la voix de Michel Raimbault comme ébranlée, se retenant toujours sur le moment de s'éteindre, reprenant à peine souffle pour se relancer sans en masquer l'effort, à détacher les syllabes comme si chacune était la dernière, s'y accrochant, exténuée.
NdR - 2 CD MP3, 16 heures d'écoute.
On en parle : La Tête en noir n°159
Citation
À l'entour le ciel avait la couleur d'un ridicule journal qu'on brûle.