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Grand format
Inédit
Tout public
398 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2436-1
Coll. "Thriller"
Actualités
- 08/12 Colloque-conférence: Anne Rambach entre littérature et cinéma à Nantes
La romancière Anne Rambach débarque à Nantes pour une pleine demi-journée entre causerie littéraire et présentation cinématographique, le tout sous le double sceau associatif Fondu Au Noir / 813 le jeudi 11 décembre.
Tout d'abord, elle sera à la librairie L'Atalante (15 rue des Vieilles Douves) à 18 h 30 où elle présentera l'édition poche de Ravages (Rivages-Noir), un roman qui revient aux sources du scandale de l'amiante en France, au cours d'une rencontre animée par Caroline de Benedetti pour Fondu Au Noir. Toutes les deux évoqueront en outre le travail de scénariste d'Anne Rambach notamment pour la série Engrenages.
La transition audiovisuelle est toute trouvée car, enfin, dans le cadre de "813 fait son cinéma", l'écrivain proposera à 20 h 30 Les Anges de la nuit au Cinématographe (12bis rue des Carmélites). La projection du film de Phil Joanou avec Sean Penn avec Ed Harris sera suivie d'un échange entre Anne Rambach et Jeanne Guyon (pour l'association 813) qui mettra en avant scénario et métier de scénariste.
Liens : Anne Rambach |Caroline de Benedetti |Fondu au noir |813 - 06/04 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix de la Ville de Mauves-sur-Loire
- 30/08 Prix littéraire: Sélection 2013 du Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon
- 15/01 Prix littéraire: Prix Virtuel du polar 2012 - suite
- 11/01 Édition: Parutions de la semaine - 11 janvier
Amiante religieuse
Mésothéliome, asbestose : deux termes médicaux barbares difficilement prononçables et encore plus difficiles à assumer pour des industriels de l'amiante en mal de profits. Le premier définit le cancer de la plèvre, le second une fibrose pulmonaire. Les deux sont liés à l'inhalation prolongée de poussière d'amiante. Anne Rambach avec Ravages, selon une tradition littéraire et cinématographique qui remonte aux années 1970, réalise un roman policier d'investigation qui fait froid dans le dos à l'heure où le lecteur est habitué à frissonner au fil des pages qui déroulent les actes d'un tueur en série machiavélique. Car, elle le dit et le martèle, à mesure que l'on suit l'enquête journalistique de Diane Harpmann, l'industrie de l'amiante est un serial killer aux cinq cent mille victimes dans le monde.
Son intrigue commence de la plus classique des manières avec un journaliste d'investigation - Dominique André - retrouvé mort dans son appartement par une de ses amies, journaliste au Parisien, Elsa Délos. Plutôt que d'appeler la police, elle fait appel à Diane Harpmann, autre journaliste, autre amie, car elle ne croit pas au suicide pourtant évident. Anne Rambach fait alors intervenir plusieurs personnages aux différents rôles et déclencheurs de certains rouages. À commencer par Richard Jaucourt, un éditeur de revue à succès qui se targue d'être indépendant du pouvoir et qui accepte de financer l'enquête des deux femmes, Janine Wadrawane, une juge en proie à la vendetta de la mafia en charge d'un procès de l'amiante, Nakache, un flic intègre qui ne demande qu'à croire à l'assassinat de Dominique André preuves à l'appui, et surtout l'ensemble des témoins muets d'un drame débuté il y a plus d'un siècle, en 1880, lorsque l'on a commencé l'exploitation des premières mines d'amiante.
Les recherches ont été menées rigoureusement par la romancière, et leur résultat est mis en avant froidement pendant quatre cents pages. Ce qui est impressionnant c'est peut-être la rapidité d'investigation de Diane Harpmann (le personnage d'Elsa Délos étant très vite escamoté par Anne Rambach qui avait assurément besoin de suivre plus un personnage que deux). En quelques jours, de Paris en Angleterre en passant par la Normandie, elle croise ces témoins muets dont les langues se délient d'autant plus vite qu'elles ont un auditoire. Comme si les secrets de l'amiante résidaient dans une mine à ciel ouvert. Il faut dire que dans cette histoire qui a traversé le XXe siècle effrontément, les lobbies industriels ont tout fait pour museler les voix discordantes, ce que montre parfaitement Ravages : recrutement des médecins du travail et des scientifiques les plus remontés et alertes contre l'amiante sous le fallacieux prétexte d'aider à circonscrire et prévenir l'asbestose avant qu'ils puissent se rendre compte qu'ils avait intégré un cercle vicieux, utilisation systématique d'une dialectique et, étonnement, aveuglement des pouvoirs publics devant les procès en cascade aux États-Unis.
Pour maintenir son suspense, Anne Rambach ajoute deux tueurs sur les talons de son enquêtrice de chic et de choc, bisexuelle et adepte d'aïkido alertée sans cesse par son sumiriki. Pour étoffer ses personnages, elle leur crée un historique et une filiation (trop) emplie de pathos. Ils sont tous ravagés, héritiers de lésions multiples qu'elles soient physiques ou morales. Pas un n'a dans son entourage proche une personne décédée trop tôt d'un accident ou d'une maladie, pas un n'a dans son entourage une personne qui se meurt, pas un n'échappe à cette mort programmée à commencer par Elsa Délos qui perd deux jambes dans une tentative d'assassinat avortée, et par la juge Janine Wadrawane qui a une fille malade en quête d'une greffe et qui sera l'instrument de sa mort. L'ouvrage se lit d'une traite, on est heureux de n'avoir à faire qu'à de la fiction. Et puis arrivent les dernières pages, celles qui font suite à l'article signé conjointement par Diane Harpmann et Elsa Délos, et qui sont un récapitulatif des sources d'Anne Rambach avec sites Internet à l'appui. Ces gens qui nous gouvernent ne pouvaient pas ne pas savoir que ces gens qui industrialisent instrumentalisent. En cela, Anne Rambach, elle, tient parfaitement le rôle du romancier d'investigation à l'image de ses héroïnes journalistes : ceux qui auront lu Ravages ne pourront pas dire qu'ils n'ont jamais su.
Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2013
Prix Landerneau Polar 2013
Prix de la ville de Mauves-sur-Loire
Mille et une feuilles noires 2013
Citation
Un homme qui va se tuer ne craint pas les cambrioleurs.