Contenu
Poche
Inédit
Tout public
570 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3708-7
Coll. "Masque jaune", 2540
Les mystères de Parry
Toute période historique est pétrie de ses propres contradictions, et la fin du XIXe siècle en France n'échappe pas à cette règle. Imaginée comme les débuts du monde moderne - tour Eiffel, usines qui se développent, premières voitures et avions -, cette époque est aussi celle du travail des enfants, des fortunes qui se font et se défont au gré des prostituées de haut vol, des scandales et des orphelinats. Cette fin de siècle est aussi la grande période de la presse et du roman feuilleton. Aussi il était logique que Patricia Parry en situant son intrigue dans les années 1880 fasse passer au cœur de son histoire des écrivains comme ce vieil auteur catholique un peu gâteux qui ne peut plus assouvir ses fantasmes sexuels et ne peut plus écrire, ses nègres qui s'abreuvent aux faits divers de l'époque pour écrire les aventures échevelées de Lord Willex (une sorte de pré-Fantomas). Et un faits divers, il y en a un justement qui préoccupe la population : des jeunes enfants sont retrouvés vidés de leur sang dans les cimetières parisiens.
Patricia Parry en profite pour jouer sur les mots : les doubles des écrivains sont aussi des gens de couleur. À travers le personnage d'un médecin qui commence l'enquête et voit resurgir ses origines familiales, c'est une partie de la Révolution française et l'apport des colonies qui est évoqué. Les Noirs des Amériques émancipés sous la révolution, venus se battre pour la France et redevenus des esclaves sous l'Empire, Napoléon se méfiant des idées de liberté dans les caboches de ses sujets. Sur un arrière-plan historique très fouillé, Patricia Parry inscrit une intrigue qui joue sur la contradiction même. Les meurtres sont à mi-chemin entre des délires superstitieux (le sang comme régénération) et des tentatives scientifiques (comment faire des transfusions). Elle s'appuie sur des personnages un peu marginaux - un jeune médecin bâtard et métis, une cocotte sur le déclin et des enfants perdus -, qui sont autant de vrais héros de romans feuilletons, servis par une écriture qui se veut de facture éminemment classique, inscrite dans la littérature de cette période, entre Alexandre Dumas et Émile Zola, avec un humour discret se jouant des poncifs du genre. Bref la marque de fabrique d'un bon cru de la collection.
Citation
J'vas retrouver çui qu'a fait ça, dit simplement le gamin. J'vas le chercher dans tout Paris. Et puis j'vas l'buter.