Sentences criminelles de la gouvernance de Lille (1585-1635)

Nous avons appris par l'évêché que le vicomte en titre, un ancien moine défroqué, est couvert de dettes. Il serait prêt à vendre ses droits sur la vicomté contre vingt mille sous d'or.
Jean d'Aillon - Marseille, 1198
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Essai - Policier

Sentences criminelles de la gouvernance de Lille (1585-1635)

Prison - Procédure - Faits divers MAJ mercredi 30 janvier 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Public connaisseur

Prix: 31 €

Alain Lottin & Laurence Delsaut
Postface de Martine Aubry & Claire-Marie Grosclaude
Arras : Artois Presses Université, décembre 2012
314 p. ; illustrations en couleur ; 27 x 20 cm
ISBN 978-2-84832-161-5
Coll. "Histoire"

La justice en fraise et culottes bouffantes

Ce beau catalogue sur papier glacé sponsorisé par la Ville de Lille et l'Université d'Artois concerne le dépouillement de 997 sentences criminelles enregistrées dans un registre constitué de neuf cahiers contenant 370 folios et comprenant le registre des sentences criminelles "prononcées par la gouvernance de Lille, tribunal du prince, compétent pour les cas royaux et pour la plupart des villages de la châtellenie de Lille, territoire qui correspond à peu près à celui de l'arrondissement de Lille".
Les reproductions en couleurs des passages manuscrits sont agrémentés de petits dessins en marge représentant généralement le supplice infligé. Ainsi, le scripteur se faisait-il dessinateur (naïf) sans doute pour retrouver plus vite la sentence dans ses cahiers. L'écriture étant quasi indéchiffrable pour les non initiés, les auteurs ont pris la peine de les traduire hélas en vieux français, lisible certes, mais très fastidieux pour le lecteur. Mais les auteurs prennent la peine de replacer les faits dans des chapitres bien structurés et abordables. Le travail historique étant important et rigoureux, cet ouvrage s'adresse avant tout à des lecteurs très éclairés, des chercheurs et des universitaires. En cela, il constitue un vaste tour d'horizon de la criminalité et de sa répression entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe. Le plan est parfait. Après de très belles reproductions couleurs de cartes et de vues de Lille et des villes avoisinantes, Alain Lottin détaille le fonctionnement de la justice, ses instances et ses compétences. Il s'attache aussi, dans quelques sous-chapitres, sur des questions particulières, dont la question justement, ou les "levées et visitations de corps morts" qui sont les procédures appliquées en cas de découverte d'un cadavre. Après la répression de l'hérésie et de la sorcellerie, puis les atteintes aux mœurs et vagabondage, on trouvera successivement, les atteintes aux biens, celles aux personnes, à l'autorité, les abus de pouvoir, les criminels, délinquants et circonstances de leurs actes, les peines afflictives et corporelles sauf la mort, la peine de mort et, enfin, l'application des peines.
Après une bibliographie, un vaste tableau recense les 989 sentences étudiées : nom, prénoms, date, lieu, profession, chef d'accusation et peine. Si l'élargissement et le bannissement sont fréquents, on notera des pendaisons pour vagabondage, fausse monnaie ou vol, des étranglements suivis de bûcher pour une meurtrière, le bûcher pour vol, des décapitations pour homicides ou viol, mais aussi des pèlerinages pour mauvaise conduite, le pain et l'eau pour les "bougres", le supplice de la roue pour deux frères "chauffeurs" et surtout plusieurs "chaudrons". Appliqué jusqu'en 1632 "ce qui est une date assez tardive pour cette peine barbare", le châtiment condamnait à être jeté dans de l'eau bouillante mélangée d'huile ! Il s'appliquait comme crime de lèse-majesté quand on fabriquait de la fausse monnaie ou qu'on l'écoulait. Nul doute que les faux-monnayeurs Gabin, Blier, Biraud, et autres Françoise Rosay dialogués par Michel Audiard auraient réfléchi à deux fois avant de se lancer dans ce petit trafic si cette peine avait toujours appliquée.
Voilà un travail de bénédictin, salué en préface par Martine Aubry, maire de Lille, puis par Claire-Marie Grosclaude, attachée de conservation du patrimoine, responsable des Archives municipales de Lille.

Citation

Si certaines sentences comportent des mentions d'agression sexuelle, celles-ci généralement sont collatérales à d'autres chefs d'accusation, en particulier les vols avec effraction ou les attaques en bande.

Rédacteur: Michel Amelin lundi 28 janvier 2013
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