Orchid blue

- Je croyais que ces manigances étaient une habitude brésilienne... - Allons donc ! Notre académie est une réplique de la Française, telle que l'a créée Richelieu. Nul doute que là-bas aussi on fait parfois bon marché du talent.
Jô Soares - Meurtres à l'académie
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Orchid blue

Politique - Social - Faits divers MAJ mercredi 13 février 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Eoin McNamee
Orchid Blue - 2010
Traduit de l'anglais (Irlande) par Freddy Michalski
Paris : Le Masque, janvier 2013
314 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3618-9
Coll. "Grands formats"

Se voiler la face

Souvent un roman policier tourne autour d'un crime, de la résolution de cette énigme qui a conduit à la disparition de quelqu'un. Eoin McNamee dans Orchid blue a décidé de varier l'angle d'une façon intelligente : il met le projecteur sur la fabrication d'un coupable en s'inspirant d'un fait divers réel avec une jeune femme en Irlande en 1961 qui a été retrouvée poignardée dans la lande quelques heures après un bal. Il y a dans ce roman un juge, machiavélique, au passé trouble (sa propre fille a été assassinée, un coupable jugé, mais avec un lot de questions en suspens) qui a besoin de cette affaire pour sa propre carrière et pour nettoyer l'honneur lié au trouble de son histoire familiale. Et aussi des policiers aux ordres qui veulent juste progresser dans l'appareil administratif, prêts à toutes les compromissions, à continuer leurs petites magouilles, cachant leurs incompétences et leur manque d'éducation sous le bruit des battes et des interrogatoires musclés. Et puis surtout un coupable désigné. Un Irlandais, un peu chômeur, un peu grande gueule, un lecteur d'illustrés et de petits pulps. Un coupable qui finalement se trouve bien dans la peau du coupable, car c'est peut-être pour lui l'occasion de briller, d'avoir son heure de gloire. Derrière tout cela, se trouvent les politiques et l'administration anglaise coloniale qui veut conserver en l'état sa domination sur une Irlande déjà en désindustrialisation. Face à cette machine implacable qui se met en place, Eddie McCrink, simple policier sans a priori, qui comprend que des intérêts énormes sont en jeu et qu'il n'est pas forcément de taille à s'y opposer. Eoin McNamee restitue avec force le fait divers, les doutes et les rivalités. Il ne se concentre pas sur la description d'un homme (policier ou suspect) face au système, mais alterne les points de vue, les insère dans le décor poisseux et les seconds rôles de l'intrigue. Il évoque des pistes possibles, fait confiance à l'intelligence du lecteur sans jamais insister. Profondément pessimiste (ou réaliste penseront certains), Orchid blue s'achève avec un goût amer dans la bouche car un homme sans doute innocent est pendu alors que ceux qui l'ont ainsi assassiné montent en grade, et que Eddie McCrink finalement continue d'avancer tel quel. Restent des évocations que l'auteur rend sensible : la fierté d'un monde ouvrier qui meurt, des landes qui ne peuvent que retenir les fantômes, qui sont autant de rêves de pacotille, et la brume irlandaise qui noie le tout. Eoin McNamee signe là un roman noir impressionniste, constitué de petites touches qui crée un tableau d'ensemble saisissant.

Citation

Le chemin qui conduit à Weir's Rock est bloqué par un fouillis post-industriel que continuent à sous-tendre des sentiers fantômes, le chemin emprunté par Pearl à son retour du bal.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 13 février 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page