Chucho el Roto : dandy d'honneur

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Essai - Aventure

Chucho el Roto : dandy d'honneur

Historique - Social - Braquage/Cambriolage - Enlèvement MAJ mardi 19 février 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 10 €

Anonyme
Préface de Sao Maï
Laurent Zaïche (notes)
Miguel Velazquez (notes)
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Miguel Velazquez
Meudon : Sao Maï, décembre 2012
188 p. ; 21 x 12 cm
ISBN 978-2-9531176-6-0

Robin des bois mexicain

Dans la lignée des ouvrages écrits à la va-vite sans souci d'une chronologie exacte, ni même de craindre d'annoncer des événements que l'auteur s'empressera de ne pas relater, voici donc la vie fantasmée de Jesús Arriaga du Chucho el Roto, charpentier devenu hors-la-loi. Avouons-le tout net : on peut difficilement parler de biographie tant le récit, par ailleurs ampoulé comme l'étaient souvent les feuilletons du XIXe siècle, est à la fois condescendant, contemplatif et subjectif sur la vie d'un personnage dont la légende est assurément très éloignée de la vie.

Chucho el Roto est présenté comme un artisan honnête appelé à travailler à la restauration de chaises pour Mathilde de Frizac, riche Mexicaine avec qui il a une aventure dont nait Lola, fille bâtarde par excellence, qui sera sa raison de vivre et la cause de sa perte morale et de sa descente aux Enfers du bagne de San Juan de Ulua. Car évidemment il ne sera pas question de mariage encore moins vous l'aurez compris de garde alternée. Chucho el Roto éconduit n'aura qu'une seule idée en tête : enlever puis élever l'enfant chéri. Ce qui sera fait séance tenante non sans la vengeance des riches sur les pauvres qui le conduit en prison où malgré une absence d'aveux, il est emprisonné en compagnie d'autres illustres cas. Ses compagnons de cellule sont tous de bons bougres qui vont s'évader de manière différente mais toujours en défiant l'ordre et en amusant des journaux promptes à s'enflammer. Arriaga par son charisme devient le chef d'une bande qui commence par voler les riches pour redistribuer aux pauvres, puis par affoler la campagne et multiplier les raids sur les haciendas avant de trouver une fin tragique, traqué par les rurales, une milice aux ordres de Porfirio Diaz, en 1885.

Le récit anonyme est très plaisant à lire, et l'on s'amuse des retournements incessants de caractères d'hommes et de femmes à la noblesse et la vilenie d'âmes exacerbées. C'est un véritable plaisir que de lire ce romancier anonyme avec sa vision quasi communiste de la vie d'un homme qui tend à l'anarchisme. Car ce Chucho el Roto, comme nombre des héros de fiction, Chéri-Bibi en tête, pourrait faire sienne la phrase de Gaston Leroux : "Ce n'est pas Chucho el Roto qui n'aime pas la société, c'est la société qui n'aime pas Chucho el Roto." Chucho el Roto, c'est le symbole de la révolte des pauvres contre les nantis, c'est vouloir affronter l'impunité tout en faisant acte de fanfaronnade. C'est être cruel avec des actes majestueux pour lutter contre la cruauté physique du pouvoir en place. À partir de là, on comprend mieux que cet homme garde une place à part dans le cœur d'une population mexicaine aujourd'hui plongée dans une lutte de pouvoirs où la violence est d'une rare imagination, et qu'il ait été le personnage central d'une série télévisée à succès dans les années 1960. En attendant, ces quelques pages qui s'attardent très longuement sur la genèse d'une descente sur le sentier de la malhonnêteté sont un excellent divertissement agrémenté de près de quatre-vingts notes de bas de page dont certaines sont vraiment affriolantes quant à la psychologie du biographe, ses errements, ses prises de partie. Une biographie en guise d'Ovni littéraire, voilà qui n'est pas courant...

Citation

Si vous punissez à nouveau votre personnel, si vous le réprimandez d'une quelconque façon, de nouveau je vous dépouillerai. Voyez ! Apprenez qui je suis : Jesús Arriaga, Chucho el Rot.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 18 février 2013
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