Le CÅ“ur de la jeune Chinoise

– Son travail comprend-il des agents dormants ?– Du genre qui s'enfouit dans la merde pendant dix ans et qui s'en extrait pendant vingt ans ? Bien sûr. Valentina gère des dormants, oui. Et quand on dort avec elle, on ne se réveille jamais.
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Roman - Thriller

Le Cœur de la jeune Chinoise

Politique - Terrorisme - Corruption MAJ mercredi 27 mars 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Éric Marty
Paris : Le Seuil, janvier 2013
376 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-02-109408-4
Coll. "Cadre rouge"

Un grand bond de côté

Le titre de ce roman fait référence à un moment précis du livre où l'un des personnages principaux, pris d'un accès de folie, se voit tuer la jeune Chinoise dont il est amoureux pour se repaître de son cœur. Cet événement qui est peut-être réel, peut-être rêvé, peut-être fantasmé, répond de manière intelligente aux thématiques de l'ouvrage d'Éric Marty. La Chine est au cœur du livre dans deux de ses aspects. En effet, l'intrigue tourne autour d'une organisation d'extrême gauche dont certaines prises de décision, ou façons de faire, pourraient l'apparenter à ceux qui suivirent le maoïsme dans ses conséquences ultimes. Et de manière plus réelle avec une vraie Chinoise, nièce d'un parrain asiatique, et qui, en essayant de s'échapper de son influence, se trouve pourchassée par des sbires de l'empire du Milieu. Mais c'est aussi une Chine fantasmée car la belle chinoise est "revendiquée" à la fois par Politzer, l'un des membres de l'organisation terroriste, et par l'un des policiers qui surveille ces mêmes terroristes. L'un comme l'autre, ne se demandant jamais si la jeune femme est consentante à leurs désirs.

Désirs, rêves, fantasmes que se renvoient les autres personnages : un psychanalyste, un animateur télévisé, sa fille déboussolée, les cercles maoïstes qui s'excluent mutuellement, décrivent la société française de manière étrange ou utilisent un tueur au sabre dans le métro. De fait, le roman s'ouvre dans cette béance de la réalité avec un Politzer qui se réveille et découvre le cadavre d'une amie militante dans son lit. Plusieurs questions l'assaillent alors. Tout d'abord, est-il un assassin ? Ensuite, est-il manipulé par la police qui veut le retourner ? Enfin, est-il manipulé par son propre chef de cellule qui veut ainsi le préparer pour le coup tordu suivant qu'il manigance ? En tout cas, il s'enfuit et se réfugie dans le salon de massage de la Chinoise où le rejoint ce policier dont le seul but est de baisser non sa garde mais son pantalon devant la jeune femme.

Éric Marty a peut-être caché des clés dans son roman. Il a en tout cas travaillé sur Gide, Barthes, Sade, Genet et Lacan, et nul doute qu'il y a de l'intelligence derrière Le Cœur de la jeune Chinoise. De la brillance et de fulgurance, un style qui maintient l'attention du lecteur habitué à la littérature blanche mais qui risque de décontenancer les amateurs d'histoires plus carrées, plus précises. Le romancier se situe dans les marges du thriller, près des frères Olivier et Jean Rolin, sur des thèmes proches (L'organisation ou Tigre en papier), comme François Bon lorsqu'il ausculte Led Zeppelin ou les Rolling Stones, avec un regard décalé et fin.

Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2013

Citation

Et le matin, au réveil, ils avaient découvert, étonnés, sur les draps blancs le mélange rosâtre de jouissance et de sang qui avait coulé de son sexe pendant la nuit. Une sorte de belle grande tache abstraite.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 22 février 2013
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