Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
298 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-330-01080-5
Coll. "Actes Noirs"
Aujourd'hui, en France
Le roman noir peut être la suite logique du roman réaliste ou naturaliste à la Zola. Se concentrant sur un personnage, ou plusieurs, emblématiques de leur époque, de leur classe sociale, l'auteur en profite pour dresser le portrait de la société qui les entoure. Hervé Decca se sert d'un fait divers pour atteindre cette description du réel. Nous sommes en 2005 dans une banlieue parisienne. Le lycée Ravel est entouré d'une ZUP et de l'autre côté du pont de la cité concurrente. Un jour, une jeune fille disparaît et la police enquête. Plus que l'enquête, ce sont les coups de projecteur sur les protagonistes qui font avancer l'intrigue. Dans cette société qui se décompose, les individus essaient de s'en sortir. Il y a même des professeurs qui y croient encore et tentent d'aider leurs élèves, d'autres qui ont baissé les bras, d'autres à bout et qui cherchent des portes de sortie, sans compter une administration qui veut nier la réalité. Autres bras armés de la société, les policiers. Pas de manichéisme non plus car ceux qui veulent faire leur travail, et ceux qui restant à la surface des choses, deviennent cyniques ou racistes, celui qui cherche à être commissaire y perdra sa famille. Et face à eux, des habitants paumés. Certains veulent s'en sortir en travaillant, comme ce jeune sans papier premier de sa classe, ou celui qui sera victime d'une balle perdue, ou bien en retournant leur rage contre ceux qui essaient de les aider, en brûlant école ou médiathèque, contre ceux qui sont aussi paumés qu'eux, ou d'autres encore qui croient que cela ira mieux en adoptant des mœurs religieuses rigides.
On suit une enquête qui chemine sur plus d'un an, qui prend le temps de s'égarer sur d'autres affaires, sur le travail quotidien de chacun - habitants et fonctionnaires. Hervé Decca montre les doutes, les reculs, les rayons de soleil. Aucune démonstration, juste l'écriture d'un roman qui concilie les travaux d'entomologiste et une empathie pour ses personnages qui se démènent afin d'avoir un avenir un peu meilleur, mais le demandent souvent de manière confuse, à la façon de la jeune fille disparue...
Citation
Six ans que je travaille à Ravel. J'y arrivais, au début. J'enfilais mon costume. En rentrant je prenais une douche comme les gardiens de prison. Mais je me sens usée. Et j'ai encore un peu d'ambition.