Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Dalle
Paris : Pointsdeux, août 2012
486 p. ; 12 x 9 cm
ISBN 978-2-36394-108-4
Coll. "Pointsdeux"
Meurtre dans un jardin américain
Il existe un lieu commun de la littérature policière lorsqu'une enquête a échoué ou que la vérité n'est pas apparue dans toute sa nudité, quelqu'un demande, des années après, à ce qu'une personne extérieure la reprenne sur de nouvelles bases. Thomas H. Cook, dans son roman Les Instruments de la nuit, relate la découverte dans un riche domaine, il y a une cinquantaine d'années, du corps d'une jeune fille retrouvée morte. Le suspect principal est décédé d'une crise cardiaque quelques semaines plus tard laissant évidemment des questions en suspens. C'est alors que la propriétaire du domaine a demandé à un écrivain de venir découvrir la vérité.
Mais il y a un deuxième lieu commun dès que l'enquête devient le prétexte à une autre enquête sur le passé même du détective, car les éléments qu'il découvre font ressortir des faits plus personnels. C'est donc le cas de Paul Graves, l'écrivain, signataire d'une série centrée sur la lutte entre un policier et un être maléfique, qui échappe à la fin de chaque volume, grâce à sa connaissance des mécanismes psychologiques. Sa carrière d'écrivain est-elle liée au meurtre mystérieux de sa sœur alors qu'il n'était qu'adolescent ?
Thomas H. Cook joue avec ses deux lieux communs qu'il entremêle avec intelligence. Si toutes les questions trouveront des réponses, ce n'est qu'au terme d'une description lente, de multiples allers-retours entre les différents témoins, et de pistes détaillées avec soin. Installé dans une demeure victorienne et riche, accueillant des écrivains pour écrire au calme, Paul Graves entre en résonance avec le lieu, se moulant dans une intrigue sans à coups, se déroulant au rythme intemporel d'un domaine ancien, évoquant deux affaires elles-mêmes assez anciennes, avec une nonchalance balancée par des extraits feuilletonesques des aventures de son héros.
En jouant avec les lieux communs, parfois l'on se brûle les ailes. Dans Les Instruments de la nuit, Thomas H. Cook offre une variation simple et intelligente, sans violence inutile, où de nombreux éléments sont suggérés, faisant appel à l'intelligence du lecteur. Sobre et brillant.
Citation
Graves avait repéré un poignard en forme de crucifix, au manche sculpté en Christ pour une meilleure prise. Quelques années plus tard, il avait écrit une scène où Kessler pressait une arme identique dans la main tremblante de Sykes, l'obligeant à trancher les plis flasques de la gorge d'une vieille dame.