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Roman - Noir

Un arrière-goût de rouille

Économique - Road Movie - Assassinat MAJ lundi 04 mars 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,1 €

Philipp Meyer
American Rust - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sarah Gurcel
Paris : Folio, novembre 2012
504 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-044284-3
Coll. "Policier", 677

Partir, c'est revenir un peu...

Les empires ont souvent des pieds d'argile, et les États-Unis ne sont pas à l'écart de cette règle d'or. Les puissants s'enrichissent puis disparaissent dans les hautes sphères de la puissance, laissant pourrir les rêves de belle vie des ouvriers. Les déboires récents en France ont rappelé la tragédie de l'acier européen, mais outre-Atlantique on avait déjà connu ce problème comme à l'époque de la Dépression, en 1929, lorsqu'une région est en crise, les habitants ont deux solutions : tenter de vivre au pays en s'occupant comme ils peuvent ou fuir.
Harris est le shérif de Buell, un coin abandonné des hommes et de Dieu dans une obscure région de Pennsylvanie, qui doit faire avec des restrictions budgétaires, des vieilles voitures de police et le système électoral américain. Il s'accommode de la loi car, par delà les règles, il y a surtout la vie. Il est amoureux d'une belle et soutient son fils, Billy. Billy Poe est typique de cette jeunesse : il rêve d'un avenir meilleur, d'ailleurs une carrière de footballeur universitaire lui tend les bras, mais en attendant il zone et commet quelques petits méfaits, plus par désœuvrement que par méchanceté. Isaac English, lui, veut partir, car malgré des études en astrophysique, il sait qu'il n'y a d'avenir pour lui dans cette région dévastée par la sidérurgie. Il parvient à convaincre Poe de l'accompagner, mais à peine sont-ils partis qu'ils sont pris à partie par des clochards et que, dans le combat, l'un d'eux trouve la mort. Retour à la case départ sauf qu'il y a un mort dans l'histoire, tué accidentellement par l'un tandis que la découverte du corps entraine l'intervention de la police, et que l'autre est accusé...
Philipp Meyer ouvre le roman ainsi, puis prend le soin de décrire l'itinéraire de différents personnages : le policier, Poe, sa mère, Isaac, une petite amie qui dispose d'une bourse d'études et d'un mari mais ne peut qu'essayer d'aider ici et là... C'est principalement cette interaction des personnages, et leurs façons de réagir aux difficultés, qui constituent l'essentiel de ce roman, très ancré dans la littérature réaliste à l'américaine, dans la lignée d'un Jack Kerouac qui n'arriverait pas à partir. Ce qui montre que les rêves eux aussi rouillent, c'est tout l'arrière-plan de cet ouvrage car ceux qui essaient de s'en sortir en partant, en allant vers d'autres régions, ne peuvent que revenir, comme collés par leurs racines, bloqués par les fidélités, saisis par le passé ou la passion qui n'ose même pas dire son nom. Il n'y a que peu d'espoir dans Un arrière-goût de rouille, mais dès que l'on sort, c'est pire : la guerre de chacun contre chacun, la violence. Autant pourrir entre soi semble nous dire Philipp Meyer.

Citation

L'inconvénient des petites villes, on connaît les gens qu'on arrête, on connaît leur mère. En l'espèce, on couche avec, même si bien sûr c'était plus que ça.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 02 mars 2013
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