Filles

Mon coma n'est qu'une longue attente. La haine est mon venin. Je peux l'inoculer ou le cracher et vous brûler les yeux.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Filles

Psychologique - Disparition MAJ vendredi 15 mars 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,5 €

Frederick Busch
Girls - 1997
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nadia Akrouf
Paris : Folio, février 2013
364 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-044888-3
Coll. "Policier", 684

Vigile vaincu

Jack est un ancien flic devenu vigile pour une université d'une petite bourgade américaine. Depuis la mort de sa petite fille, son couple bat de l'aile, sa femme étant persuadée que la petite est morte dans ses bras par sa faute. Aussi, la vie commune est-elle étouffante. Heureusement qu'il y a le chien et les grands espaces neigeux. Mais Jack vit introspectivement un enfer, alors il accepte de jouer les détectives privés pour retrouver une adolescente parfaite qui a disparu. Seul lui semble conscient qu'elle est morte surtout parce qu'une adolescente parfaite n'existe pas...
Les premières pages de Filles nous apprennent que sa quête achevée, le vide laissé par la mort de sa petite fille s'avèrera trop lourd, et l'on se dit que Frederick Busch tient-là un thriller psychologique où l'asphyxie menace le lecteur à chaque page. Mais s'il en sera ainsi par la suite, c'est uniquement parce que le romancier américain abandonne son enquête pour se focaliser sur le principal protagoniste qu'il montre sous toutes ses contradictions et failles. Pendant près de trois cents pages, Frederick Busch nous dévoile un homme à la forte personnalité, aux doutes extraordinaires et aux errements exaspérants. Jack, c'est l'Antéchrist de la réussite, l'antithèse de l'interprétation chrétienne de l'existence du rêve américain. Un homme qui est persuadé qu'il corrompt tout ce qu'il touche. Sa femme n'attend de lui qu'une parole qu'il se complait à garder en lui.
Seule la mère de l'adolescente disparue, souffrant d'un cancer en phase terminale, femme d'un pasteur, trouve grâce à ses yeux. Pour sa quiétude, pour un peu, il serait près à prier si ce n'était cette colère sourde qu'il a en lui. Aussi plonge-t-il entre les bras d'une professeur de lettres, lui l'homme frustre, et cherche-t-il maille à partir avec un petit dealer de drogue. Histoire sans doute d'être tabassé et laissé pour mort sur le bas-côté d'une route verglacée.
Cet homme, le lecteur apprend à l'aimer et à le haïr alternativement jusqu'à ce qu'il se décide à agir pour son plus grand désespoir. Les dernières pages du roman offrent un véritable final de roman noir hard boiled, qui va à cent à l'heure, nous obligeant à suivre a posteriori les réflexions de Jack. Bien sûr l'assassin fait partie des connaissances de Jack, bien sûr on l'avait oublié, mais tout remonte à la surface et révèle une réalité sordide digne d'un roman de Raymond Chandler ou Thomas H. Cook.

Citation

Son visage s'est transformé en pâte à beignet, avec des morceaux de charbon pour les yeux et des bâtonnets pour la bouche. Quelque chose de merveilleux et d'étrange s'est alors produit : la porte s'est ouverte, le sergent Bird, de la police de l'État des New York est apparu.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 11 mars 2013
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