Contenu
Commandant Achab. 2, Ma jambe de plastique
Grand format
Réédition
Tout public
Paris : Casterman, janvier 2013
56 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm
ISBN 978-2-203-05083-9
Achab a des bras
Avec ce deuxième volet consacré au commandant Achab, les deux Stéphane - Douay et Piatzsezk -, plongent le lecteur dans le monde impitoyable du showbiz parisien, avec ses stars portées au pinacle puis au pilori dans la même foulée. Quand la jeune et belle Tosca est retrouvée assassinée, Achab et Karim découvrent qu'elle a été façonnée de toutes pièces par deux paparazzi, et qu'ils figuraient même sur son testament pour faire des ultimes clichés forcément vendeurs. Glauque, n'est-ce pas ? Totalement, mais les deux inspecteurs du 36, quai des Orfèvres, toujours autant aux antipodes l'un de l'autre, ne sont pas pour autant surpris. Le monde dans toute sa noirceur, ils connaissent. Les soupçons se portent tout d'abord sur l'ancien petit ami avant qu'un pan de la vie et de la fortune de Tosca ne soit révélé.
Comme dans le premier volet, l'intrigue principale - l'enquête sur l'assassinat d'une starlette - est secondaire au regard des rapports entre les deux inspecteurs de la P.J. et des liens qui les unissent. Achab a tué Fath, le père de Karim à l'époque où il était l'ennemi numéro un en cavale. Une tuerie à bout portant qui a détruit Achab, Fath étant son meilleur ami. Et puis Douay et Piatzezk prennent le temps de dévoiler des pans de leurs personnages et de leurs secrets. Dans un album où Achab change de prothèse pour les yeux d'une charmante doctoresse de la médecine du travail, qui vit avec sa fille et ses deux membres inférieurs meurtris, on en apprend plus sur la vie sentimentale de Karim, homosexuel dans la police donc homosexuel entouré de machos, et surtout sur l'accident qui a conduit Achab a perdre une jambe et à vivre avec un chat neurasthénique tout en fumant des joints pour calmer une douleur qu'il croit ressentir.
La résolution de l'intrigue policière est donc secondaire. Il n'en demeure pas moins que pour la seconde fois, c'est Achab qui découvre la vérité. Ce même Achab qui clôture seul et dans un cimetière ce deuxième volet réédité d'une tétralogie pour l'instant inachevée. Les dialogues sont toujours autant minimalistes. Stéphane Piatzezk s'offre même quelques planches sans aucun dialogue. Il joue autant avec les ombres dans la nuit sombre parisienne, s'amuse à découper des cases avec ingéniosité, multiplie les touches humoristiques, dresse de jolis portraits féminins, de très laids portraits masculins, torture ce pauvre chat d'Achab, et fait souffrir mille morts au commandant dans des escaliers, heureusement, il a ses deux bras...
Illustration intérieure
Citation
Si un vieux mec avec une seule jambe et à poil vous propose de dîner, vous répondez quoi ?