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Roman - Thriller

Une balade dans la nuit

Enlèvement - Drogue - Gang MAJ jeudi 04 avril 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

George P. Pelecanos
The Cut - 2011
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Elsa Maggion
Paris : Calmann-Lévy, février 2013
268 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4442-8
Coll. "Robert Pépin présente"

Hommage à Parker

Les romanciers américains sont marqués par les guerres de leur pays. Dans ce nouveau roman de George P. Pelecanos, son héros, l'enquêteur Spero Lucas, est un ex-marine revenu de la guerre d'Irak avec encore toute une variation d'images dans sa tête. Être froid et implacable, c'est une machine de guerre en puissance dotée cependant de sentiments - ses origines grecques, sûrement. Sa manière à lui d'éviter la crise financière, c'est de récupérer des objets ou de l'argent que l'on a dérobé à ses clients. Sa rémunération : quarante pour cent du bien. Les dealers se sont accaparés les évolutions technologiques. Avec leurs smartphones, ils sont capables de suivre à la seconde les livraisons de colis par Fedex, donc de se trouver des adresses honnêtes pour des livraisons malhonnêtes. Mais le dealer Anwan Hawkins, qui dirige ses petites affaires depuis la prison où il est incarcéré en attente de jugement, apprend que l'un de ses colis s'est fait la malle. Ses deux intermédiaires, Tavon et Edwin, deux jeunes mecs cools qui fument et écoutent du reggae, ne tardent pas à perdre d'abord un deuxième et un troisième colis puis la vie, abattus de dos dans leur voiture. Malgré les injonctions de Anwan Hawkins, Spero Lucas enquête, peut-être plus pour comprendre et venger l'assassinat de ces deux têtes brûlées qui lui étaient sympathiques, que pour l'argent.

Comme à son habitude, George P. Pelecanos nous trimbale dans la ville de Washington, prend le temps de dépeindre sa population cosmopolite, de s'intéresser à la culture afro-américaine - surtout musicale. Il nous transbahute dans un monde de cinéma cinématographique. S'attarde sur quelques personnages bien campés, se focalise sur Spero Lucas, sorte de double du romancier. Fait une analogie bienvenue avec le héros de Richard Stark, Parker, quand le frère de Spero, professeur de lettres dans un collège, explique, en se basant sur Comme une fleur : "Ce costume ne lui va pas, au sens littéral et métaphorique. Pour lui, c'est un déguisement. Il serait plus à l'aise nu dans la jungle. Les romans de Parker sont des policiers, mais ils traitent aussi d'un homme dont l'aspect physique contraste avec le monde du travail qui, à cette époque, devenait de plus en plus mécanisé et sédentaire." Spero, c'est Parker, c'est Pelecanos. Une mise en abyme du personnage perdu dans un monde qu'il ne comprend pas. Un homme victime du retour à la vie civile après un conflit irakien blessant moralement. Quelqu'un qui n'hésite pas à tuer dans un parc parce qu'alors ses repères ne sont plus les mêmes. Quelqu'un qui entend profiter de la vie, parce que sa jeunesse, il l'a passée dans le désert non loin de Falloujah, mais qui n'arrive pas à saisir les opportunités. Quelqu'un condamné à vivre solitaire, avec une chambre qu'il loue dans une maison occupée par une veuve, une voiture quatre roues motrices et un kayak.

Citation

MacCarthy était de ceux qu'on apprécie tout de suite. Lucas sentait que personne ne lui avait jamais cassé la gueule dans un bar pour s'amuser.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 26 mars 2013
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